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Error code:   DatasetGenerationError
Exception:    ArrowNotImplementedError
Message:      Cannot write struct type 'metadata' with no child field to Parquet. Consider adding a dummy child field.
Traceback:    Traceback (most recent call last):
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/builder.py", line 1831, in _prepare_split_single
                  writer.write_table(table)
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/arrow_writer.py", line 712, in write_table
                  self._build_writer(inferred_schema=pa_table.schema)
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/arrow_writer.py", line 757, in _build_writer
                  self.pa_writer = pq.ParquetWriter(
                                   ^^^^^^^^^^^^^^^^^
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/pyarrow/parquet/core.py", line 1070, in __init__
                  self.writer = _parquet.ParquetWriter(
                                ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
                File "pyarrow/_parquet.pyx", line 2363, in pyarrow._parquet.ParquetWriter.__cinit__
                File "pyarrow/error.pxi", line 155, in pyarrow.lib.pyarrow_internal_check_status
                File "pyarrow/error.pxi", line 92, in pyarrow.lib.check_status
              pyarrow.lib.ArrowNotImplementedError: Cannot write struct type 'metadata' with no child field to Parquet. Consider adding a dummy child field.
              
              During handling of the above exception, another exception occurred:
              
              Traceback (most recent call last):
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/builder.py", line 1847, in _prepare_split_single
                  num_examples, num_bytes = writer.finalize()
                                            ^^^^^^^^^^^^^^^^^
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/arrow_writer.py", line 731, in finalize
                  self._build_writer(self.schema)
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/arrow_writer.py", line 757, in _build_writer
                  self.pa_writer = pq.ParquetWriter(
                                   ^^^^^^^^^^^^^^^^^
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/pyarrow/parquet/core.py", line 1070, in __init__
                  self.writer = _parquet.ParquetWriter(
                                ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
                File "pyarrow/_parquet.pyx", line 2363, in pyarrow._parquet.ParquetWriter.__cinit__
                File "pyarrow/error.pxi", line 155, in pyarrow.lib.pyarrow_internal_check_status
                File "pyarrow/error.pxi", line 92, in pyarrow.lib.check_status
              pyarrow.lib.ArrowNotImplementedError: Cannot write struct type 'metadata' with no child field to Parquet. Consider adding a dummy child field.
              
              The above exception was the direct cause of the following exception:
              
              Traceback (most recent call last):
                File "/src/services/worker/src/worker/job_runners/config/parquet_and_info.py", line 1339, in compute_config_parquet_and_info_response
                  parquet_operations = convert_to_parquet(builder)
                                       ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
                File "/src/services/worker/src/worker/job_runners/config/parquet_and_info.py", line 972, in convert_to_parquet
                  builder.download_and_prepare(
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/builder.py", line 894, in download_and_prepare
                  self._download_and_prepare(
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/builder.py", line 970, in _download_and_prepare
                  self._prepare_split(split_generator, **prepare_split_kwargs)
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/builder.py", line 1702, in _prepare_split
                  for job_id, done, content in self._prepare_split_single(
                                               ^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
                File "/usr/local/lib/python3.12/site-packages/datasets/builder.py", line 1858, in _prepare_split_single
                  raise DatasetGenerationError("An error occurred while generating the dataset") from e
              datasets.exceptions.DatasetGenerationError: An error occurred while generating the dataset

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Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers
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A
On peut considérer ce caractere, ou comme lettre, ou comme mot. I. A, en tant que lettre, est le signe du sona, qui de tous les sons de la voix est le plus facile à prononcer. Il ne faut qu’ouvrir la bouche & pousser l’air des poumons. On dit que l’avient de l’alephdes Hébreux : mais l’aen tant que son ne vient que de la conformation des organes de la parole ; & le caractere ou figure dont nous nous servons pour représenter ce son, nous vient de l’alphades Grecs. Les Latins & les autres Peuples de l’Europe ont imité les Grecs dans la forme qu’ils ont donnée à cette lettre. Selon les Grammaires Hébraïques, & la Grammaire générale de P. R. p. 12. l’aleph ne sert(aujourd’hui)que pour l’écriture, & n’a aucun son que celui de la voyelle qui lui est jointe. Cela fait voir que la prononciation des lettres est sujette à variation dans les Langues mortes, comme elle l’est dans les Langues vivantes. Car il est constant, selon M. Masclef & le P. Houbigan, que l’aleph se prononçoit autrefois comme notrea; ce qu’ils prouvent surtout par le passage d’Eusebe,Prep.Ev.L. X. c. vj. où ce P. soûtient que les Grecs ont pris leurs lettres des Hébreux.Id ex Grœcâ singulorum elementorum appellatione quivis intelligit. Quid enim aleph ab alpha magnopere differt ? Quid autem vel betha a beth ?&c. Quelques Auteurs (Covaruvias) disent, que lorsque les enfans viennent au monde, les mâles font entendre le son de l’a, qui est la premiere voyelle demas, & les filles le son de l’e, premiere voyelle defemina :mais c’est une imagination sans fondement. Quand les enfans viennent au monde, & que pour la premiere fois ils poussent l’air des poumons, on entend le son de différentes voyelles, selon qu’ils ouvrent plus ou moins la bouche. On ditun grand A, un petit a :ainsiaest du genre masculin, comme les autres voyelles de notre Alphabet. Le son de l’a, aussi bien que celui de l’e, est long en certains mots, & bref en d’autres :aest long dansgrâce, & bref dansplace. Il est long danstâchequand ce mot signifie un ouvrage qu’on donne à faire ; & il est bref danstache, macula, souillure. Il est long dansmâtin, gros chien ; & bref dansmatin, première partie du jour.Voyez l’excellent Traité de la Prosodie de M. l’Abbé d’Olivet. Les Romains, pour marquer l’along, l’écrivirent d’abord double,AalapourAla; c’est ainsi qu’on trouve dans nos anciens Auteurs Françoisaage, &c. Ensuite ils insérèrent unhentre les deuxa, Ahala. Enfin ils mettoient quelquefois le signe de la syllabe longue,āla. On met aujourd’hui un accent circonflexe sur l’along, au lieu de l’squ’on écrivoit autrefois après ceta :ainsi au lieu d’écriremastin, blasme, asne, &c. on écritmâtin, blâme, âne. Mais il ne faut pas croire avec la plûpart des Grammairiens, que nos Peres n’écrivoient cettesaprès l’a, ou après toute autre voyelle, que pour marquer que cette voyelle étoit longue ; ils ecrivoient cettes, parce qu’ils la prononçoient, & cette prononciation est encore en usage dans nos Provinces méridionales, où l’on prononcemastin, testo, besti, &c. On ne met point d’accent sur l’abref ou commun. L’achez les Romains étoit appellélettre salutaire : littera salutaris. Cic. Attic. ix. 7. parce que lorsqu’il s’agissoit d’absoudre ou de condamner un accusé, lesJuges avoient deux tablettes, sur l’une desquelles ils écrivoient l’a, qui est la premiere lettre d’absolvo, & sur l’autre ils écrivoient lec, premiere lettre decondemno. VoyezA, signe d’absolution ou de condamnation. Et l’accusé étoit absous ou condamné, selon que le nombre de l’une de ces lettres l’emportoit sur le nombre de l’autre. On a fait quelques usages de cette lettre qu’il est utile d’observer. 1. L’achez les Grecs étoit une lettre numérale qui marquoitun. VoyezA, lettre numérale. 2. Parmi nous les Villes où l’on bat monnoie, ont chacune pour marque une lettre de l’alphabet : cette lettre se voit au revers de la pièce de monnoie au-dessous des Armes du Roi.Aest la marque de la monnoie de Paris.VoyezAnumismatique. 3. On dit de quelqu’un qui n’a rien fait, rien écrit, qu’il n’a pas fait une panse d’a. Panse, qui veut direventre, signifie ici la partie de la lettre qui avance ;il n’a pas fait la moitié d’une lettre. A, mot, est 1. la troisieme personne du présent de l’indicatif du verbeavoir. Il a de l’argent, il a peur, il a honte, il a envie, & avec le supin des verbes,elle a aimé, elle a vu, à l’imitation des Latins,habeo persuasum. V.Supin. Nos peres écrivoient cetaavec uneh ;ilha, d’habet. On ne met aucun accent suraverbe. Dans cette façon de parleril y a,aest verbe. Cette façon de parler est une de ces expressions figurées, qui se sont introduites par imitation, par abus, ou catachrese. On a dit au propre,Pierre a de l’argent, il a de l’esprit ; & par imitation on a dit,il y a de l’argent dans la bourse, il y a de l’esprit dans ces vers. Il, est alors un terme abstrait & général commece, on. Ce sont des termes métaphysiques formés à l’imitation des mots qui marquent des objets réels. L’yvient de l’ibides Latins, & a la même signification.Ibi, y, c’est-à-direlà, ici, dans le point dont il s’agit. Il y ades hommes qui, &c.Il, c’est-à-dire, l’être métaphysique, l’être imaginé ou d’imitation,adans le point dont il s’agitdes hommes qui, &c. Dans les autres Langues on dit plus simplement,des hommes sont, qui, &c. C’est aussi par imitation que l’on dit,la raisonades bornes. Notre Langue n’a point de cas, la Logiqueaquatre parties, &c. 2.A, comme mot, est aussi une préposition, & alors on doit le marquer avec un accent graveà. A, préposition vient du latinà, à dextris, à sinistris, à droite, à gauche. Plus souvent encore notreàvient de la préposition latinead, loqui ad, parlerà. On trouve aussidicere ad. Cic.It lucrum ad me, (Plaute) le profit en vient à moi.Sinite parvulos veniread me, laissez venir ces enfans à moi. Observez queamot, n’est jamais que ou la troisieme personne du présent de l’indicatif du verbeavoir, ou une simple préposition. Ainsiàn’est jamais adverbe, comme quelques Grammairiens l’ont cru, quoiqu’il entre dans plusieurs façons de parler adverbiales. Car l’adverbe n’a pas besoin d’être suivi d’un autre mot qui le détermine, ou, comme disent communément les Grammairiens, l’adverbe n’a jamais de régime ; parce que l’adverbe renferme en soi la préposition & le nom :prudemment, avec prudence. (V.Adverbe) au lieu que la préposition a toûjours un régime, c’est-à-dire, qu’elle est toujours suivie d’un autre mot, qui détermine la relation ou l’espece de rapport que la préposition indique. Ainsi la prépositionàpeut bien entrer, comme toutes les autres prépositions, dans des façons de parler adverbiales : mais comme elle est toûjours suivie de son complément, ou, comme on dit, de son régime, elle ne peut jamais être adverbe. An’est pas non plus une simple particule qui marque le datif ; parce qu’en françois nous n’avons ni déclinaison, ni cas, ni par conséquent de datif.V.Cas. Le rapport que les Latins marquoient par la terminaison du datif, nous l’indiquons par la prépositionà. C’est ainsi que les Latins mêmes se sont servis de la prépositionad, quod attinet ad me. Cic.Accedit ad, referre ad aliquem, &alicui. Ils disoient aussi égalementloqui ad aliquem, &loqui alicui, parleràquelqu’un,&c. A l’égard des différens usages de la prépositionà, il faut observer 1. que toute préposition est entre deux termes, qu’elle lie & qu’elle met en rapport. 2. Que ce rapport est souvent marqué par la signification propre de la préposition même, commeavec, dans, sur, &c. 3. Mais que souvent aussi les prépositions, surtoutà, deoudu, outre le rapport qu’elles indiquent quand elles sont prises dans leur sens primitif & propre, ne sont ensuite par figure & par extension, que de simples prépositions unitives ou indicatives, qui ne font que mettre deux mots en rapport ; ensorte qu’alors c’est à l’esprit même à remarquer la sorte de rapport qu’il y a entre les deux termes de la relation unis entre-eux par la préposition : par exemple,approchez-vous du feu : du, liefeuavecapprochez-vous, & l’esprit observe ensuite un rapport d’approximation, quedune marque pas.Eloignez-vous du feu : du, liefeuavecéloignez-vous, & l’esprit observe-là un rapport d’éloignement. Vous voyez que la même préposition sert à marquer des rapports opposés. On dit de mêmedonner à&ôter à. Ainsi ces sortes de rapports different autant que les mots different entre-eux. Je crois donc que lorsque les prépositions ne sont, ou ne paroissent pas prises dans le sens propre de leur premiere destination, & que par conséquent elles n’indiquent pas par elles-mêmes la sorte de rapport particulier que celui qui parle veut faire entendre ; alors c’est à celui qui écoute ou qui lit, à reconnoître la sorte de rapport qui se trouve entre les mots liés par la préposition simplement unitive & indicative. Cependant quelques Grammairiens ont mieux aimé épuiser la Métaphysique la plus recherchée, & si je l’ose dire, la plus inutile & la plus vaine, que d’abandonner le Lecteur au discernement que lui donne la connoissance & l’usage de sa propre Langue.Rapport de cause, rapport d’effet, d’instrument, de situation, d’époque, table à pieds de biche, c’est-là un rapport de forme, dit M. l’Abbé Girard, tom. II. p. 199.Bassin à barbe, rapport de service, (id. ib.)Pierre à feu, rapport de propriété productive, (id. ib.)&c.La prépositionàn’est point destinée à marquer par elle-même un rapport depropriété productive, oude service, ou deforme, &c. quoique ces rapports se trouvent entre les mots liés par la prépositionà. D’ailleurs, les mêmes rapports sont souvent indiqués par des prépositions différentes, & souvent des rapports opposés sont indiqués par la même préposition. Il me paroit donc que l’on doit d’abord observer la premiere & principale destination d’une préposition. Par exemple : la principale destination de la prépositionà, est de marquer la relation d’une chose à une autre, comme, le terme où l’on va, ou à quoi ce qu’on fait se termine, le but, la fin, l’attribution, le pourquoi.AlleràRome, préter de l’argentàusure, àgros intérét. Donner quelque choseàquelqu’un, &c. Les autres usages de cette préposition reviennent ensuite à ceux-là par catachrese, abus, extension, ou imitation : mais il est bon de remarquer quelques-uns de ces usages, afin d’avoir des exemples qui puissent servir de regle, & aider à décider les doutes par analogie & par imitation. On dit donc : Air à chanter. Billet à ordre, c’est-à-dire,payableà ordre. Chaise à deux. Doute à éclaircir. Entreprise à exécuter. Femme à la hotte ?(au vocatif).Grenier à sel. Habit à la mode. Instrument à vent. Lettre de change à vûe, à dix jours de vûe. Matiere à procès. Nez à lunette. Œufs à la coque. Plaine à perte de vûe. Question à juger. Route à gauche. Vache à lait. Agréable à la vûe. Bon à prendre & à laisser. Contraire à la santé. Délicieux à manger. Facile à faire. La raison de cette différence est que dans le dernier exempleden’a pas rapport àfacile, mais àil ; il, hoc,cela, à savoirde faire, &c.est facile, est une chose facile. Ainsi,il, de s’assûrer un repos plein d’appas, est le sujet de la proposition, &est facileen est l’attribut. Qu’il est doux de trouver dans un amant qu’on aimeUn époux que l’on doit aimer !(Idem.) Il, à savoir,de trouver un époux dans un amant, &c.est doux, est une chose douce. (V.Proposition). Il est gauche à tout ce qu’il fait. Heureux à la guerre. Habile à dessiner, à écrire. Payable à ordre. Pareil à, &c.Propre à, &c.Semblable à, &c.Utile à la santé. S’abandonner à ses passions. S’amuser à des bagatelles. Applaudir à quelqu’un. Aimer à boire, à faire du bien. Les hommes n’aiment point à admirer les autres ; ils cherchent eux-mêmes à être goûtés & à être applaudis. La Bruyere.Aller à cheval, à califourchon, c’est-à-dire,jambe deçà, jambe delà. S’appliquer à, &c.S’attacher à, &c.Blesser à, il a été blessé à la jambe. Crier à l’aide, au feu, au secours. Conseiller quelque chose à quelqu’un. Donner à boire à quelqu’un. Demander à boire. Etre à. Il est à écrire, à jouer. Il est à jeun. Il est à Rome. Il est à cent lieues. Il est long-tems à venir. Cela est à faire, à taire, à publier, à payer. C’est à vous à mettre le prix à votre marchandise. J’ai fait cela à votre considération, à votre intention. Il faut des livres à votre fils. Joüer à Colin Maillard, joüer à l’ombre, aux échecs. Garder à vûe. La dépense se monte à cent écus, & la recette à, &c.Monter à cheval. Payer à quelqu’un. Payer à vûe, à jour marqué. Persuader à. Préter à. Puiser à la source. Prendre garde à soi. Prendre à gauche. Ils vont un à un, deux à deux, trois à trois. Voyons à qui l’aura, c’est-à-dire,voyons à ceci, (attendamus ad hoc nempe)à savoir qui l’aura. A se trouve quelquefois avant la prépositiondecomme en ces exemples. Peut-on ne pas céder à de si puissans charmes ?Et peut-on refuser son cœurA de beaux yeux qui le demandent ? Je crois qu’en ces occasions il y a une ellipse synthétique. L’esprit est occupé des charmes particuliers qui l’ont frappé ; & il met ces charmes au rang des charmes puissans, dont on ne sauroit se garantir. Peut-on ne pas céder à ces charmes qui sont du nombre des charmes si puissans, &c. Peut-on ne pas céder à l’attrait, au pouvoir de si puissans charmes ? Peut-on refuser son cœur à ces yeux, qui sont de la classe des beaux yeux. L’usage abrege ensuite l’expression, & introduit des façons de parler particulieres auxquelles on doit se conformer, & qui ne détruisent pas les regles. Ainsi, je crois quedeoudessont toûjours des prépositions extractives, & que quand on ditdes Savans soûtiennent, des hommes m’ont dit, &c.des Savans, des hommes, ne sont pas au nominatif. Et de même quand on dit, j’ai vûdes hommes, j’ai vûdes femmes, &c.deshommes, des femmes, ne sont pas à l’accusatif ; car, si l’on veut bien y prendre garde, on reconnoîtra queex hominibus, ex mulieribus, &c. ne peuvent être ni le sujet de la proposition, ni le terme de l’action du verbe ; & que celui qui parle veut dire, que quelques-unsdes Savans soûtiennent, &c.quelques-uns des hommes, quelques-unes des femmes, disent,&c. On ne se sert de la prépositionàaprès un adverbe, que lorsque l’adverbe marque relation. Alors l’adverbe exprime la sorte de relation, & la préposition indique le corrélatif. Ainsi, on ditconformément à. On a jugéconformément àl’Ordonnance de 1667. On dit aussirelativement à. D’ailleurs l’adverbe ne marquant qu’une circonstance absolue & déterminée de l’action, n’est pas suivi de la prépositionà. Aen des façons de parler adverbiales, & en celles qui sont équivalentes à des prépositions Latines, ou de quelqu’autre Langue. A jamais, à toûjours. A l’encontre. Tour à tour. Pas à pas. Vis-à-vis. A pleines mains. A fur & à mesure. A la fin, tandem, aliquando,C’est-à-dire, nempe, scilicet.Suivre à la piste. Faire le diable à quatre. Se faire tenir à quatre. A cause, qu’on rend en latin par la propositionpropter. A raison de. Jusqu’à, oujusques à. Au-delà. Au-dessus. Au-dessous. A quoi bon, quorsùm.A la vûe, à la présence, ouen présence, coram. Telles sont les principales occasions où l’usage a consacré la prépositionà. Les exemples que nous venons de rapporter, serviront à décider par analogie les difficultés que l’on pourroit avoir sur cette préposition. Au reste la prépositionauest la même que la prépositionà. La seule différence qu’il y a entre l’une & l’autre, c’est queàest un mot simple, & queauest un mot composé. Ainsi il faut considérer la prépositionàen deux états différens. I. Dans son état simple : 1.oRendezàCésar ce qui appartient à César ; 2.ose prêteràl’exemple ; 3.ose rendreàla raison. Dans le premier exempleàest devant un nom sans article. Dans le second exempleàest suivi de l’article masculin, parce que le mot commence par une voyelle :à l’exemple, à l’esprit, à l’amour. Enfin dans le dernier, la prépositionàprécede l’article féminin,àla raison,àl’autorité. II. Hors de ces trois cas, la prépositionàdevient un mot composé par sa jonction avec l’articleleou avec l’article plurielles. L’articleleà cause du son sourd de l’emuet a amenéau, de sorte qu’au lieu de direà lenous disonsau, si le nom ne commence pas par une voyelle. S’adonnerau bien; & au pluriel au lieu de direà les, nous changeonslenu, ce qui arrive souvent dans notre Langue, & nous disonsaux, soit que le nom commence par une voyelle ou par une consonne :aux hommes, aux femmes, &c. ainsiauest autant queà le, &auxqueà les. A est aussi une préposition inséparable qui entre dans la composition des mots ;donner, s’adonner, porter, apporter, mener, amener, &c. ce qui sert ou à l’énergie, ou à marquer d’autres points de vûe ajoûtés à la premiere signification du mot. Il faut encore observer qu’en Grecàmarque 1.Privation, & alors on l’appellealphaprivatif, ce que les Latins ont quelquefois imité, comme dansamensqui est composé demens, entendement, intelligence, & de l’alpha privatif. Nous avons conservé plusieurs mots où se trouve l’alpha privatif, comme amazone, asyle, abysme, &c. l’alpha privatif vient de la prépositionἄτερ,sine, sans. 2. A en composition marqueaugmentation, & alors il vient deἄγαν,beaucoup. 3. A avec un accent circonflexe & un esprit douxἆmarqueadmiration, desir, surprise, comme notre ah ! ou ha !vox quiritantis, optantis, admirantis, ditRobertson. Ces divers usages de l’aen Grec ont donné lieu à ce vers desRacines Greques En terme de Grammaire, & sur-tout de Grammaire Greque, on appelleapur unaqui seul fait une syllabe comme enϕιλία,amicitia. (F) A, étoit une lettre numérale parmi les Anciens. Baronius rapporte des vers techniques qui expriment la valeur de chaque lettre de l’alphabet. Celui-ci, Possidet A numeros quingentos ordine recto. marque que la lettre A signifioitcinq cens; surmontée d’un titre ou ligne droite, de cette façon (Ā), elle signifioitcinq mille. Les Anciens proprement dits ne firent point usage de ces lettres numérales, comme on le croit communément. Isidore de Séville qui vivoit dans le septieme siecle assûre expressément le contraire ;Latini autem numeros ad litteras non computant. Cet usage ne fut introduit que dans les tems d’ignorance. M. Ducange dans son Glossaire explique au commencement de chaque lettre quel fut cet usage, & la plûpart des Lexicographes l’ont copié sans l’entendre, puisqu’ils s’accordent tous à dire que l’explication de cet usage se trouve dans Valerius Probus, au lieu que Ducange a dit simplement qu’elle se trouvoit dans un Recueil de Grammairiens, du nombre desquels est Valerius Probus.Habetur verò illud cum Valerio Probo… & aliis qui de numeris scripserunt editum inter Grammaticos antiquos. Les Hébreux, les Arabes emploient leur aleph, & les Grecs leur alpha qui répond à notre A, pour désigner le nombre 1. & dans le langage de l’écriturealphasignifie le commencement & le principe de toutes choses.Ego sum alpha, &c. (G) A,lettre symbolique, étoit un hiéroglyphe chez les anciens Egyptiens, qui pour premiers caracteres employoient ou des figures d’animaux ou des signes qui en marquoient quelque propriété. On croit que celle-ci représentoit l’Ibis par l’analogie de la forme triangulaire de l’A avec la marche triangulaire de cet oiseau. Ainsi quand les caracteres Phéniciens qu’on attribue à Cadmus furent adoptés en Egypte, la lettre A y fut tout à la fois un caractere de l’écriture symbolique consacrée à la Religion, & de l’écriture commune usitée dans le commerce de la vie. (G) A,numismatiqueoumonétaire, sur le revers des anciennes médailles Greques, signifie qu’elles furent frappées dans la ville d’Argos, & quelquefois dans celle d’Athenes. Dans les médailles consulaires cette lettre désigne pareillement le lieu de la fabrique ; dans celles des Empereurs, il signifie communémentAugustus. Dans le revers des médailles du bas Empire, qui étoient véritablement des especes de monnoies ayant cours, & dont le peuple se servoit, A est la marque ou de la Ville, comme Antioche, Arles, Aquilée, où il y avoit des Hôtels des Monnoies, ou signifie le nom du monétaire. Dans nos especes d’or & d’argent cette lettre est la marque de la monnoie de Paris ; & le double AA celle de Metz. (G) A,lapidaire, dans les anciennes inscriptions sur des marbres,&c.signifioitAugustus, Ager, aiunt, &c. selon le sens qu’exige le reste de l’inscription. Quand cette lettre est double, elle signifieAugusti; triple, elle veut direauro, argento, ære. Isidore ajoûte que lorsque cette lettre se trouve après le motmiles, elle signifie que le soldat étoit un jeune homme. On trouve dans des inscriptions expliquées par d’habiles Antiquaires A rendu parante, & selon eux, ces deux lettres A D équivalent à ces motsante diem. (G) A,lettre de suffrage; les Romains se servoient de cette lettre pour donner leurs suffrages dans les assemblées du peuple. Lorsqu’on proposoit une nouvelle loi à recevoir, on divisoit en centuries ceux qui devoient donner leurs voix, & l’on distribuoit à chacun d’eux deux ballotes de bois, dont l’une étoit marquée d’un A majuscule qui signifioitantiquoouantiquam volo; l’autre étoit marquée de ces deux lettres U R,uti rogas. Ceux qui s’opposoient à l’établissement de la loi jettoient dans l’urne la premiere de ces ballottes, pour signifier,je rejette la loi, ouje m’en tiens à l’ancienne. (G) A,signe d’absolution, chez les Romains dans les causes criminelles, étoit un signe pour déclarer innocente la personne accusée. C’est pourquoi Ciceron dans l’oraison pour Milon, appelle l’A une lettre favorable,littera salutaris. Quand il s’agissoit d’un jugement pour condamner ou renvoyer quelqu’un absous, on distribuoit à chaque Magistrat ou à chaque opinant trois bulletins, dont l’un portoit un A qui vouloit direabsolvo, j’absous ; l’autre un C qui marquoitcondemno, je condamne ; & sur le troisieme il y avoit une N & une L,non liquet, c’est-à-dire,le faitoule crime en question ne me paroît pas évident. Le Préteur prononçoit selon le nombre des bulletins qui se trouvoient dans l’urne. Le dernier ne servoit que quand l’accusé n’avoit pas pû entierement se justifier, & que cependant il ne paroissoit pas absolument coupable ; c’étoit ce que nous appellonsun plus amplement informé. Mais si le nombre de ces trois bulletins se trouvoit parfaitement égal, les Juges inclinoient à la douceur, & l’accusé demeuroit entierement déchargé de l’accusation. Ciceron nous apprend encore que les bulletins destinés à cet usage étoient des especes de jettons d’un bois mince, poli, & frotés de cire sur laquelle étoient inscrites les lettres dont nous venons de parler,ceratam unicuique tabellam dari cerâ legitimâ. On voit la forme de ces bulletins dans quelques anciennes médailles de la famille Casia.V.Jettons. (G). *A cognitionibus. Scorpus fameux Agitateur du cirque est représenté, dans un monument, courant à quatre chevaux, dont on lit les noms avec celui de Scorpus. Sur le bas du monument, au haut, Abascantus est couché sur son séant, un génie lui soûtient la tête ; un autre génie qui est à ses pieds tient une torche allumée qu’il approche de la tête d’Abascantus. Celui-ci a dans la main droite une couronne, & dans la gauche une espece de fruit : l’inscription est au-dessous en ces termes :Diis Manibus : Titi Flavi Augusti liberti Abascanti à cognitionibus, Flavia Hesperis conjugi suo bene merenti fecit, cujus dolore nihil habui nisi mortis. « Aux Dieux Manes : Flavia Hesperis, épouse de Titus Flavius Abascantus affranchi d’Auguste & son commis, a fait ce monument pour son mari, qui méritoit bien qu’elle lui rendît ce devoir. Après la douleur de cette perte, la mort sera ma seule consolation ». On voit qu’à cognitionibusmarque certainement un office de conséquence auprès de l’Empereur. C’étoit alors Tite ou Domitien qui régnoit. Maisà cognitionibusest une expression bien générale, & il n’est gueres de Charge un peu considérable à la Cour, qui ne soit pour connoître de quelque chose. M. Fabretti prétend qu’à cognitionibusdoit s’entendre de l’inspection sur le Cirque, & ce qui concernoit la course des chevaux ; il se fonde sur ce qu’on mettoit dans ces monumens les instrumens qui étoient de la charge ou du métier dont il étoit question. Par exemple, le muid avec l’Edile, les ventouses & les ligatures avec les Medecins, le faisceau avec le Licteur, &c. d’où il infere que la qualité donnée à Abascantus est désignée par le quadrige qui est au bas du monument. Mais il ne faut prendre ceci que pour une conjecture qui peut être ou vraie ou fausse. La coûtume de désigner laqualité de l’homme par les accessoires du monument, est démentie par une infinité d’exemples. On trouve (dit le P. Montfaucon) dans un monument un Lucius Trophymus affranchi d’Auguste, qualifiéà veste & à lacunâ, Intendant de la garde-robe, avec deux arcs dont la corde est cassée, deux torches, & un pot ; & ce savant homme demande quel rapport il y a entre ces accessoires & la qualité d’Intendant de la garde-robe : c’est un exemple qu’il apporte contre l’opinion de Fabretti ; mais je ne le trouve pas des mieux choisis, & l’on pourroit assez aisément donner aux arcs sans cordes & au reste des accessoires un sens qui ne s’éloigneroit pas de la qualité de Trophymus. Un Intendant de la garde-robe d’un Romain n’avoit guere d’exercice qu’en tems de paix : c’est pourquoi on voit au monument de celui-ci deux arcs sans cordes, ou ce qui est mieux, avec des cordes rompues ; les autres symboles ne sont pas plus difficiles à interpréter. Mais l’exemple suivant du P. Montfaucon me semble prouver un peu mieux contre Fabretti ; c’est unÆdituus Martis ultorisreprésenté avec deux oiseaux qui boivent dans un pot. Cela n’a guere de rapport avec l’office de Sacristain de Mars. Mais connoissons-nous assez bien l’antiquité pour pouvoir assûrer qu’il n’y en a point ? Ne pouvoit-il pas facilement y avoir quelque singularité dans les fonctions d’un pareil Sacristain (c’est le mot du P. Montfaucon) à laquelle les oiseaux qui boivent dans un pot feroient une allusion fort juste ? & la singularité ne pourroit-elle pas nous être inconnue ? n’admirons-nous pas aujourd’hui, ou du moins ne trouvons-nous pas très-intelligibles des figures symboliques dans nos monumens, qui seront très-obscures, & qui n’auront pas même le sens commun pour nos neveux qui ne seront pas assez instruits des minuties de nos petits usages, & de nos conditions subalternes, pour en sentir l’à propos. *A curâ amicorum. On lit dans quelques inscriptions sépulchrales le titre dea cura amicorum. Titus Cœlius Titi filius, Celer,a cura amicorum Augusti, Prœfectus legionis decimœ salutaris, Mediomatricum civitas bene merenti posuit. Dans une autre :Silvano sacrum sodalibus ejus, & Larum conum posuit Tiberius Claudius Augusti Libertus Fortunatusa cura amicorum, idemque dedicavit. Ailleurs encore :Æsculapio Deo Julius Onesimus Augusti Libertusa cura amicorum, voto suscepto dedicavit lubens merito. Je n’entends pas trop quelle étoit cette Charge chez les Grandsà curâ amicorum, dit Gruter. Mais, ajoûte le P. Montfaucon, on a des inscriptions par lesquelles il paroît que c’étoit une dignité que d’être leur ami & de leur compagnie ; d’où il conclud qu’il se peut faire que ces affranchis qui étoientà curâ amicorum, prissent soin de ceux qui étoient parvenus à cette dignité. Ces usages ne sont pas fort éloignés des nôtres ; nos femmes titrées ont quelquefois des femmes de compagnie ; & il y a bien des maisons où l’on attache tel ou tel domestique à un ami qui survient ; & ce domestique s’appelleroit fort bien en latinà curâ amici. A,dans les Ecrivains modernes, veut dire aussi l’an, comme A. D.anno Domini, l’an de Notre Seigneur : les Anglois se servent des lettres A. M. pour direArtium magister, Maître ès Arts.VoyezCaractere. (G) A,dans le calendrier Julien, est aussi la premiere des sept lettres dominicales.VoyezDominical. Les Romains s’en étoient servis bien avant le tems de Notre Seigneur : cette lettre étoit la premiere des huit lettres nundinales ; & ce fut à l’imitation de cet usage, qu’on introduisit les lettres dominicales. (G) A. D.épistolaire; ces deux caracteres dans les Lettres que s’écrivoient les Anciens, signifioientante diem. Des Copistes ignorans en ont fait tout simplement la prépositionad, & ont écritadIV.Kalend. adVI.Idus, adIII.Non. &c. au lieu d’ante diemIV.Kalend. ante diemVI.Idus, &c. ainsi que le remarque Paul Manuce. On trouve dans Valerius Probus A. D. P. pourante diem pridie. (G) * A désigne une proposition générale affirmative.AsseritA…verum generaliter… A affirme, mais généralement, disent les Logiciens.Voyezl’usage qu’ils font de cette abbréviation à l’articleSyllogisme. * A,signe des passions, selon certains Auteurs, est relatif aux passions dans les anciens Dialectes Grecs. Le Dorien, où cette lettre se répete sans cesse, a quelque chose de mâle & de nerveux, & qui convient assez à des Guerriers. Les Latins au contraire emploient dans leur Poésie des mots où cette lettre domine, pour exprimer la douceur.Mollia luteola pingit Vaccinia caltha. Virg. Parmi les peuples de l’Europe, les Espagnols & les Italiens sont ceux qui en font le plus d’usage, avec cette différence que les premiers remplis de faste & d’ostentation, ont continuellement dans la bouche desaemphatiques ; au lieu que lesades terminaisons Italiennes étant peu ouverts dans la prononciation, ils ne respirent que douceur & que mollesse. Notre Langue emploie cette voyelle sans aucune affectation. A, est aussi une abréviation dont on se sert en différens Arts & pour différens usages.VoyezAbréviation. A A A, chez les Chimistes, signifie une amalgame, ou l’opération d’amalgamer.Voy.Amalgamation&Amalgame. (M) A, ā,ouā ā ; on se sert de cette abréviation en Medecine pourana, c’est-à-dire, pour indiquer une égale quantité de chaque différens ingrédiens énoncés dans une formule. Ainsi♃ thuris, myrrhe, aluminisā ∋j, est la même chose que♃ thuris, myrrhe, aluminis, ana∋j. Dans l’un & l’autre exemple ā, ā ā &ana, signifientparties égales de chaque ingrédient. ♃ veut dire,prenez de l’encens, de la myrrhe, de l’alun, de chacun un scrupule. Cette signification d’anane tire point son origine d’un caprice du premier Médecin qui s’en est servi, & ce n’est point l’autorité de ses successeurs qui en a prescrit la valeur & l’usage. La propositionἀνὰchez les Grecs se prenoit dans le même sens que dans les Auteurs de Medecine d’aujourd’hui. Hippocrate dans son Traité des Maladies des Femmes, après avoir parlé d’un pessaire qu’il recommande comme propre à la conception, & après avoir spécifié les drogues, ajouteἀνὰ ὄϐολον ἐκάζον, c’est-à-dire, de chacune une dragme.VoyezAna. (N) A. Les Marchands, Négocians, Banquiers, & Teneurs de Livres, se servent de cette lettre, ou seule, ou suivie de quelques autres lettres aussi initiales, pour abréger des façons de parler fréquentes dans le Négoce, & ne pas tant employer de tems ni de paroles à charger leurs Journaux, Livres de comptes, ou autres Registres. Ainsi l’Amis tout seul, après avoir parlé d’une Lettre de change, signifieaccepté. A. S. P.accepté sous protêt. A. S. P. C.accepté sous protêt pour mettre à compte. A. P.à protester. (G) * A,caractere alphabétique. Après avoir donné les différentes significations de la lettreA, il ne nous reste plus qu’à parler de la maniere de le tracer. L’adans l’écriture ronde est un composé de trois demi-cercles, ou d’un o rond & d’un demi o, observant les déliés & les pleins. Pour fixer le lieu des déliés & des pleins, imaginez un rhombe sur un de ces côtés ; la base & le côté supérieur, & le parallele à la base, marqueront le lieu des déliés ; & les deux autres côtés marqueront le lieu des pleins.V.Rhombe. Dans la coulée, l’aest composé de trois demi-cercles, ou plutôt ovales, ou d’unocoulé, & d’undemiocoulé : quant au lieu des déliés & des pleins, ils seront déterminés de même que dans la ronde : mais il faut les rapporter à un rhomboïde.VoyezRhomboïde. Dans la grosse bâtarde, il est fait des trois quarts d’uneovale, & d’un trait droit d’abord, mais terminé par une courbe, qui forme l’aen achevant l’ovale. La premiere partie, soit ronde, soit ovale de l’a, se forme d’un mouvement composé des doigts & du poignet ; & la seconde partie, du seul mouvement des doigts, excepté sur la fin de la courbure du trait qui applatit, soit l’o, soit l’ovale, pour en former l’a, où le poignet vient un peu au secours des doigts.V. sur ces lettresnos Planches,& sur les autres sortes d’écritures, les Préceptes de MM. Rosallet & Durel. * A, s. petite riviere de France, qui a sa source près de Fontaines en Sologne.
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AA
* AA, s. f. riviere de France, qui prend sa source dans le haut Boulonnois, sépare la Flandre de la Picardie, & se jette dans l’Océan au-dessous de Gravelines. Il y a trois rivieres de ce nom dans le Pays bas, trois en Suisse, & cinq en Westphalie.
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AABAM
AABAM, s. m. Quelques Alchimistes se sont servi de ce mot pour signifier le plomb.VoyezPlomb.Saturne.Accib.Alabaric. (M)
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AACH
* AACHouACH, s. f. petite ville d’Allemagne dans le cercle de Souabe, près de la source de l’Aach.Long. 26. 57. lat. 47. 55.
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AAHUS
* AAHUS, s. petite ville d’Allemagne dans le cercle de Westphalie, capitale de la Comté d’Aahus.Long. 24. 36. lat. 52. 10.
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AAM
* AAM, s. mesure des Liquides, en usage à Amsterdam : elle contient environ soixante-trois livres, poids de marc.
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AAR
* AAR, s. grande riviere qui a sa source proche de celle du Rhin, au mont de la Fourche, & qui traverse la Suisse depuis les confins du Valais jusqu’à la Souabe. *Aar, s. riviere d’Allemagne qui a sa source dans l’Eiffel, & qui se jette dans le Rhin près de Lintz.
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AAS
* AAouAAS, s.ouFontaine des Arquebusades. Source d’eau vive dans le Béarn, surnommée desArquebusades, par la propriété qu’on lui attribue de soulager ceux qui ont reçu quelques coups de feu. * AASouAASA, Fort de Norwege dans le Bailliage d’Aggerhus.
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AB
AB, s. m. onzieme mois de l’année civile des Hébreux, & le cinquieme de leur année ecclésiastique, qui commence au mois de Nisan. Le moisabrépond à la Lune de Juillet, c’est-à-dire à une partie de notre mois du même nom & au commencement d’Août. Il a trente jours. Les Juifs jeûnent le premier jour de ce mois, à cause de la mort d’Aaron, & le neuvieme, parce qu’à pareil jour le Temple de Salomon fut brûlé par les Chaldéens ; & qu’ensuite le second Temple bâti depuis la captivité, fut brûlé par les Romains. Les Juifs croyent que ce fut le même jour que les Envoyés qui avoient parcouru la Terre de Chanaan, étant revenus au camp, engagerent le peuple dans la révolte. Ils jeûnent aussi ce jour-là en mémoire de la défense que leur fit l’Empereur Adrien de demeurer dans la Judée, & de regarder même de loin Jérusalem, pour en déplorer la ruine. Le dix-huitieme jour du même mois, ils jeûnent à cause que la lampe qui étoit dans le Sanctuaire, se trouva éteinte cette nuit, du tems d’Achaz.Diction. de la Bibl. tom. 1. pag. 5. Les Juifs qui étoient attentifs à conserver la mémoire de tout ce qui leur arrivoit, avoient encore un jeûne dont parle le Prophete Zacharie, institué en mémoire & en expiation du murmure des Israélites dans le désert, lorsque Moyse eut envoyé de Cadesbarné des espions dans la Terre promise. Les Juifs disent aussi que dans ce mois les deux Temples ont été ruinés, & que leur grande Synagogue d’Alexandrie fut dispersée. L’on a remarqué que dans ce même mois ils avoient autrefois été chassés de France, d’Angleterre & d’Espagne. (G) AB, s. m. en Langue Syriaque est le nom du dernier mois de l’Eté. Le premier jour de ce mois est nommé dans leur CalendrierSaum-Miriam, le Jeûne de Notre-Dame ; parce que les Chrétiens d’Orient jeûnoient depuis ce jour jusqu’au quinze du même mois, qu’ils nommoientFathr-Miriam, la cessation du Jeûne de Notre-Dame.D’Herbelot. Bib. Orientale. (G) AB, s. m. en hébreu signifiepere; d’où les Chaldéens & les Syriens ont faitabba, les Grecsabbas, conservé par les Latins, d’où nous avons formé le nom d’Abbé. Saint Marc & Saint Paul ont employé le mot syriaque ou chaldaïqueabba, pour signifierPere, parce qu’il étoit alors commun dans les Synagogues & dans les premieres assemblées des Chrétiens. C’est pourquoiabba Paterdans le 14echap. de Saint Marc, & dans le 8ede Saint Paul aux Romains, n’est que le même mot expliqué, comme s’ils disoient :abba, c’est-à-dire,mon pere. Car comme le remarque S. Jerôme dans son Commentaire sur le iv chap. de l’Epitre aux Galates, les Apôtres & les Evangélistes ont quelquefois employé dans leurs Ecrits des mots syriaques, qu’ils interprétoient ensuite en Grec, parce qu’ils écrivoient dans cette derniere Langue. Ainsi ils ont ditBartimée, fils de Timée ; aser, richesses; oùfils de Timée, &richesses, ne sont que la version pure des mots qui les précedent. Le nom d’abbaen Syriaque qui signifioit un pere naturel, a été pris ensuite pour signifier un personnage, à qui l’on voueroit le même respect & la même affection qu’à un pere naturel. Les Docteurs Juifs prenoient ce titre par orgueil ; ce qui fait dire à J. C. dans S. Matthieu, ch. 23.N’appellez personne sur la terre votre pere, parce que vous n’avez qu’un pere qui est dans le ciel. Les Chrétiens ont donné communément le nom d’Abbéaux Supérieurs des Monasteres.VoyezAbbé(G)
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ABA
*ABA, s. ville de la Phocide, bâtie par les Abantes, peuples sortis de Thrace, nommée Aba d’Abas leur Chef, & ruinée, à ce que prétendent quelques-uns, par Xercès.
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ABACA
* ABACA, s. Il ne paroît pas qu’on sache bien précisément ce que c’est. On lit dans le Dictionnaire du Commerce, que c’est une sorte de chanvre ou de lin qu’on tire d’un platane des Indes ; qu’il est blanc ou gris ; qu’on le fait roüir ; qu’on le bat comme notre chanvre ; qu’on ourdit avec le blanc des toiles très-fines, & qu’on n’emploie le gris qu’en cordages & cables.
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ABACH
* ABACH, s. petite ville d’Allemagne dans la basse Baviere, que quelques Auteurs donnent pour le château d’Abaude.Long. 29. 40. lat. 48. 52.
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ABACO
ABACO, s. m. Quelques anciens Auteurs se servent de ce mot, pour dire l’Arithmétique. Les Italiens s’en servent aussi dans le même sens.VoyezAbaque&Arithmétique. (O)
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ABACOA
* ABACOA, s. Isle de l’Amérique septentrionale, l’une des Lucayes.
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ABACOT
* ABACOT, s. m. nom de l’ancienne parure de tête des Rois d’Angleterre ; sa partie superieure formoit une double couronne.VoyezDyche.
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ABADA
* ABADA, s. m. c’est, dit-on, un animal qui se trouve sur la côte méridionale de Bengale, qui a deux cornes, l’une sur le front, l’autre sur la nuque du cou ; qui est de la grosseur d’un poulain de deux ans, & qui a la queue d’un bœuf, mais un peumoins longue ; le crin & la tête d’un cheval, mais le crin plus épais & plus rude, & la tête plus plate & plus courte ; les pieds du cerf, fendus, mais plus gros. On ajoûte que de ces deux cornes, celle du front est longue de trois ou quatre piés, mince, de l’épaisseur de la jambe humaine vers la racine ; qu’elle est aiguë par la pointe, & droite dans la jeunesse de l’animal, mais qu’elle se recourbe en-devant ; & que celle de la nuque du cou est plus courte & plus plate. Les Negres le tuent pour lui enlever ses cornes, qu’ils regardent comme un spécifique, non dans plusieurs maladies, ainsi qu’on lit dans quelques auteurs, mais en général contre les venins & les poisons. Il y auroit de la témérité sur une pareille description à douter que l’abadane soit un animal réel ; reste à savoir s’il en est fait mention dans quelque Naturaliste moderne, instruit & fidele, ou si par hasard tout ceci ne seroit appuyé que sur le témoignage de quelque voyageur.VoyezVallisneri,tom. III. p. 367.
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ABADDON
* ABADDON, s. m. vient d’abad, perdre. C’est le nom que S. Jean donne dans l’Apocalypse au Roi des sauterelles, à l’Ange de l’abysme, à l’Ange exterminateur.
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ABADIR_ou_ABADDIR
ABADIRouABADDIR, s. m. mot composé de deux termes Phéniciens. Il signifiePere magnifique, titre que les Carthaginois donnoient auxDieux du premier ordre. En Mythologie,abadirest le nom d’une pierre que Cibele ou Ops, femme de Saturne, fit avaler dans des langes à son mari, à la place de l’enfant dont elle étoit accouchée. Ce mot se trouve corrompu dans les gloses d’Isidore, où on litAgadir lapis. Barthius le prenant tel qu’il est dans Isidore, le rapporte ridiculement à la Langue Allemande. Bochart a cherché dans la Langue Phénicienne l’origine d’abadir, & croit avec vraissemblance qu’il signifieune pierre ronde; ce qui quadre avec la figure décrite par Damascius. Des Anciens ont cru que cette pierre étoit le Dieu Terme : d’autres prétendent que ce mot étoit jadis synonyme àDieu. (G)
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ABACUZ
* ABACUZ, s. m. pris adject. ce sont les biens de ceux qui meurent sans laisser d’héritiers, soit par testament, soit par droit lignager, ou autrement, & dont la succession passoit, à ce que dit Ragueau, selon l’ancienne Coûtume du Poitou, au bas Justicier de la Seigneurie dans laquelle ils étoient décédés. (H)
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ABAJOUR
ABAJOUR, s. m. nom que les Architectes donnent à une espece de fenêtre ou ouverture destinée à éclairer tout étage soûterrain à l’usage des cuisines, offices, caves,&c.On les nomme communémentdes soupiraux: elles reçoivent le jour d’en-haut par le moyen de l’embrasement de l’appui qui est en talus ou glacis, avec plus ou moins d’inclinaison, selon que l’épaisseur du mur le peut permettre : elles sont le plus souvent tenues moins hautes que larges. Leurs formes extérieures n’ayant aucun rapport aux proportions de l’architecture, c’est dans ce seul genre de croisées qu’on peut s’en dispenser, quoique quelques Architectes ayent affecté dans l’ordre attique de faire des croisées barlongues, à l’imitation des Abajours ; comme on peut le remarquer au Château des Tuileries du côté de la grande Cour : mais cet exemple est à éviter, n’étant pas raisonnable d’affecter-là une forme de croisée, pour ainsi dire consacrée aux soûpiraux dans les étages supérieurs. On appelle aussifenêtres en abajour, le grand vitrail d’une Eglise, d’un grand Sallon ou Gallerie, lorsqu’on est obligé de pratiquer à cette croisée un glacis à la traverse supérieure ou inférieure de son embrasure, pour raccorder l’inégalité de hauteur qui peut se rencontrer entre la décoration intérieure ou extérieure d’un Edifice ; tel qu’on le remarque aux Invalides, au vestibule, & à la galerie du Château de Clagny. (P)
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ABAISIR
ABAISIR, s. m. Quelques Alchimistes se sont servis de ce mot pour signifierspodium. VoyezSpodium. (M)
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ABAISSE
* ABAISSE, s. f. c’est le nom que les Pâtissiers donnent à la pâte qu’ils ont étendue sous le rouleau, & dont ils font ensuite le fond d’un pâté, d’une tourte, & autres pieces semblables.
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ABAISS%C3%89
ABAISSE, adject.descendu plus bas. Ce terme, suivant Nicod, a pour étymologieβάσις,base, fondement. Abaissé,en terme de Blason, se dit du vol ou des aîles des Aigles, lorsque le bout de leurs aîles est en embas & vers la pointe de l’écu, ou qu’elles sont pliées ; au lieu que leur situation naturelle est d’être ouvertes & déployées, de sorte que les bouts tendent vers les angles ou le chef de l’écu.VoyezVol. Le chevron, le pal, la bande, sont aussi ditsabaissés, quand la pointe finit au cœur de l’écu ou au-dessous.VoyezChevron,Pal,&c. On dit aussi qu’une piece estabaissée, lorsqu’elle est au-dessous de sa situation ordinaire. Ainsi les Commandeurs de Malte qui ont des chefs dans leurs Armoiries de Famille, sont obligés de les abaisser sous celui de la Religion. François de Boczossel Mongontier, Chevalier de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, Commandeur de Saint Paul, Maréchal de son Ordre, & depuis Bailli de Lyon. D’or au chef échiqueté d’argent & d’azur de deux tires,abaissésous un autre chef des armoiries de la Religion de Saint Jean de Jerusalem, de gueules à la croix d’argent. (V)
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ABAISSEMENT
ABAISSEMENT, s. m. (des équations) en Algebre, se dit de la réduction des équations au moindre degré dont elles soient susceptibles. Ainsi l’équationx3+axx=bx{\displaystyle x^{3}+axx=bx}qui paroît du 3edegré, se réduit ou s’abaisse à une équation du 2edegréxx+ax=b{\displaystyle xx+ax=b}, en divisant tous les termes parx.De même l’équationx4+aaxx=a4{\displaystyle x^{4}+aaxx=a^{4}}, qui paroît du 4edegré, se réduit au 2d, en faisantxx=az{\displaystyle xx=az}; car elle devient alorsaazz+a3z=a4{\displaystyle aazz+a^{3}z=a^{4}}, ouzz+az=aa{\displaystyle zz+az=aa}.VoyezDegré,Equation,Réduction,&c. Abaissementdu Pole. Autant on fait de chemin en degrés de latitude, en allant du pole vers l’équateur, autant est grand le nombre de degrés dont le pole s’abaisse, parce qu’il devient continuellement plus proche de l’horison.VoyezÉlévationdu Pole. Abaissementde l’Horison visible, est la quantité dont l’horison visible est abaissé au-dessous du plan horisontal qui touche la terre. Pour faire entendre en quoi consiste cet abaissement ; soitCle centre de la Terre représentée (Fig. I. Géog.) par le cercle ou globeBEM. Ayant tiré d’un point quelconque A élevé au-dessus de la surface du globe, les tangentesAB, AE, & la ligneAOC, il est évident qu’un spectateur, dont l’œil seroit placé au pointA, verroit toute la portionBOEde la Terre terminée par les points touchansBE; de sorte que le planBEest proprement l’horison du spectateur placé enA.VoyezHorison. Ce plan est abaissé de la distanceOG, au-dessous du plan horisontalFODqui touche la Terre enO; & si la distanceAOest assez petite par rapport au rayon de la terre, la ligneOGest presque égale à la ligneAO. Donc, si on a la distanceAO, ou l’élévation de l’œil du spectateur, évaluée en piés, on trouvera facilement le sinus verseOGde l’arcOE. Par exemple, soitAO= 5 piés, le sinus verseOGde l’arcOE, sera donc de 5 piés, le sinus total ou rayon de la terre étant de 19000000 piés en nombres ronds : ainsi on trouvera que l’arcOEest d’environ deux minutes & demie ; par conséquent l’arcBOEsera de cinq minutes : & comme un degré de laterre est de 25 lieues, il s’ensuit que si la terre étoit parfaitement ronde & unie sans aucunes éminences, un homme de taille ordinaire devroit découvrir à la distance d’environ deux lieues autour de lui, ou une lieue à la ronde : à la hauteur de 20 piés, l’œil devroit découvrir à 2 lieues à la ronde ; à la hauteur de 45 piés, 3 lieues,&c. Les montagnes font quelquefois que l’on découvre plus loin ou plus près que les distances précédentes. Par exemple, la montagneNL(Fig. 1.no2. Géog.) placée entreA& le pointE, fait que le spectateur A ne sauroit voir la partieNE; & au contraire la montagnePQ, placée au-delà deB, fait que ce même spectateur peut voir les objets terrestres situés au-delà deB, & placés sur cette montagne au-dessus du rayon visuelAB. L’abaissement d’une étoile sous l’horisonest mesuré par l’arc de cercle vertical, qui se trouve au-dessous de l’horison, entre cette étoile & l’horison.VoyezEtoile,Vertical. (O)
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ABAISSEMENT_ou_ABATEMENT
ABAISSEMENTouABATEMENT, s. m.en terme de Blason, est quelque chose d’ajoûté à l’écu, pour en diminuer la valeur & la dignité, en conséquence d’une action deshonorante ou tache infamante dont est flétrie la personne qui le porte.VoyezArme. Les Auteurs ne conviennent pas tous qu’il y ait effectivement dans le blason de véritablesabattemens. Cependant Leigls & Guillaume les supposant réels, en rapportent plusieurs sortes. Lesabattemens, selon le dernier de ces deux Auteurs, se font ou par reversion ou par diminution. La reversion se fait en tournant l’écu le haut en bas, ou en enfermant dans le premier écusson un second écusson renversé. La diminution, en dégradant une partie par l’addition d’une tache ou d’une marque de diminution, comme une barre, un point dextre, un point champagne, un point plaine, une pointe senestre, & un I gousset.Voyezchacun de ces mots à son article. Il faut ajoûter qu’en ce cas ces marques doivent être de couleur brune ou tannée, autrement, au lieu d’être des marques de diminution, c’en seroit d’honneur.VoyezTanné,Brun. L’Auteur de la derniere édition de Guillin rejette tout-à-fait ces prétendusabattemenscomme des chimeres : il soûtient qu’il n’y en a pas un seul exemple, & qu’une pareille supposition implique contradiction ; que les armes étant des marques de noblesse & d’honneur,insignia nobilitatis & honoris, on n’y sauroit mêler aucune marque infamante, sans qu’elles cessent d’être des armes ; que ce seroit plûtôt des témoignages toûjours subsistans du deshonneur de celui qui les porteroit ; & que par conséquent on ne demanderoit pas mieux que de supprimer. Il ajoûte que comme l’honneur qu’on tient de ses ancêtres ne peut souffrir aucune diminution, il faut dire la même chose des marques qui servent à en conserver la mémoire ; qu’il les faut laisser sans altération, ou les supprimer tout-à-fait, comme on fait dans le cas du crime de lese-Majesté, auquel cas on renverse totalement l’écu pour marque d’une entiere dégradation. Cependant Colombines & d’autres rapportent quelques exemples contraires à ce sentiment. Mais ces exemples servent seulement de monumens du ressentiment de quelques Princes pour des offenses commises en leur présence, mais ne peuvent pas être tirées à conséquence pour établir un usage ou une pratique constante, & peuvent encore moins autoriser des officiers inférieurs, comme des Hérauts d’armes, à tenir par leurs mains des empreintes de ces armoiries infamantes. En un mot les armes étant plûtôt les titres de ceux qui n’existent plus que de ceux qui existent, il semble qu’on ne les peut ni diminuer ni abaisser : ce seroit autant flétrir l’ancêtre que son descendant ; il ne peut donc avoir lieu que par rapport à des armes récemment accordées. S’il arrive que celui qui les a obtenues vive encore, & démente ses premieres actions par celles qui les suivent, l’abaissementse fera par la suppression de quelques caracteres honorans, mais non par l’introduction de signes diffamans.(V)
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ABAISSER
ABAISSERune équation, terme d’Algebre.VoyezAbaissement. Abaisserest aussi unterme de Géométrie. Abaisserune perpendiculaire d’un point donné hors d’une ligne, c’est tirer de ce point une perpendiculaire sur la ligne.VoyezLigne&Perpendiculaire. (O) Abaisser, c’est couper, tailler une branche près de la tige d’un arbre. Si on abaissoit entierement un étage de branches, cela s’appelleroit alorsravaler. VoyezRavaler. (K) Abaisser, c’est,en terme de Fauconnerie, ôter quelque chose de la portion du manger de l’oiseau, pour le rendre plus léger & plus avide à la proie. Abaissermarque parmiles Pâtissiersla façon qu’on donne à la pâte avec un rouleau de bois qui l’applatit, & la rend aussi mince que l’on veut, soit qu’on la destine à être le fond d’un pâté, ou le dessus d’une tourte grasse.
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ABAISSEUR
ABAISSEUR, s. m. pris adj.en Anatomie, est le nom qu’on a donné à différens muscles, dont l’action consiste à abaisser ou à porter en bas les parties auxquelles ils sont attachés.VoyezMuscle. Abaisseurde la levre supérieure, est un muscle qu’on appelle aussiconstricteur des aîles du nezoupetit incisif. VoyezIncisif. Abaisseurpropre de la levre inférieureoule quarré, est un muscle placé entre les abaisseurs communs des levres sur la partie appelléele menton. VoyezMenton. Abaisseurde la mâchoire inférieure. VoyezDigastrique. Abaisseurde l’œil, est un des quatre muscles de l’œil qui le meut en bas.VoyezŒil&Droit. Abaisseurdes sourcilsempêche les ordures d’entrer dans l’œil, & lui fournit une défense contre la lumiere trop vive, lorsque par la contraction de ce muscle les sourcils s’approchent de la paupiere inférieure, & en même tems l’un de l’autre. Abaisseursde la paupiere inférieure; ils servent à ouvrir l’œil. (L)
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ABALIENATION
ABALIENATION, s. f. dans le Droit Romain, signifie une sorte d’aliénation par laquelle les effets qu’on nommoitres mancipi, étoient transférés à des personnes en droit de les acquérir, ou par une formule qu’on appelleittraditio nexu, ou par une renonciation qu’on faisoit en présence de la Cour.VoyezAliénation. Ce mot est composé deab, &alienare, aliéner. Les effets qu’on nomme icires mancipi, & qui étoient l’objet de l’abaliénation, étoient les bestiaux, les esclaves, les terres, & autres possessions dans l’enceinte des territoires de l’Italie. Les personnes en droit de les acquérir étoient les citoyens Romains, les Latins, & quelques étrangers à qui on permettoit spécialement ce commerce. La transaction se faisoit, ou avec la cérémonie des poids, & l’argent à la main, ou bien par un désistement en présence d’un Magistrat. (H)
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ABANA
* ABANA, riviere de Syrie qui se jette dans la mer de ce nom, après avoir arrosé les murs de Damas du côté du Midi, ce qui l’a fait appeller dans l’Ecritureriviere de Damas.
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ABANDONN%C3%89
ABANDONNÉ, adject.en Droit, se dit de biens auxquels le propriétaire a renoncé sciemment & volontairement, & qu’il ne compte plus au nombre de ses effets. On appelle aussiabandonnées, les terres dont la mer s’est retirée, qu’elle a laissées à sec, & qu’on peut faire valoir. Abandonnéau bras séculier, c’est-à-dire livré par les Juges ecclésiastiques à la Justice séculiere, pour y être condamné à des peines afflictives que les Tribunaux ecclésiastiques ne sauroient infliger. (H) Abandonné, adj. épithete que donnent les Chasseurs à un chien courant qui prend les devants d’une meute, & qui s’abandonne sur la bête quand il la rencontre.
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ABANDONNEMENT
ABANDONNEMENT, s. m. en Droit, est le délaissement qu’on fait de biens dont on est possesseur, ou volontairement ou forcément. Si c’est à des créanciers qu’on les abandonne, cet abandonnement se nommecession: si on les abandonne pour se libérer des charges auxquelles on est assujetti en les possédant, il se nommedéguerpissement. VoyezCession&Déguerpissement. L’abandonnementqu’un homme fait de tous ses biens le rend quitte envers ses créanciers, sans qu’ils puissent rien prétendre aux biens qu’il pourroit acquérir dans la suite. (H)
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ABANDONNER
ABANDONNER v. a. en fauconnerie, c’est laisser l’oiseau libre en campagne, ou pour l’égayer, ou pour le congédier lorsqu’il n’est pas bon. Abandonnerun cheval, c’est le faire courir de toute sa vîtesse sans lui tenir la bride.Abandonnerles étriers, c’est ôter ses pieds de dedans. S’abandonnerouabandonnerson cheval après quelqu’un, c’est le poursuivre à course de cheval.
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ABANGA
* ABANGA, s. m. c’est le nom que les Habitans de l’Isle de Saint Thomas donnent au fruit de leur palmier. Ce fruit est de la grosseur d’un citron auquel il ressemble beaucoup d’ailleurs. C. Bauhin dit que les Insulaires en font prendre trois ou quatre pépins par jour à ceux de leurs malades qui ont besoin de pectoraux.
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ABANO
* ABANO, s. f. petite Ville d’Italie dans la République de Venise & le Padouan.Long. 29. 40. lat. 45. 20.
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ABANT%C3%89ENS
* ABANTÉENS, s. m. plur. sont les Peuples d’Argos ainsi nommés d’Abasleur Roi.
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ABANTES
* ABANTES, s. m. pl. Peuples de Thrace qui passerent en Grece, bâtirent Abée que Xercès ruina, & se retirerent delà dans l’Isle de Negrepont, qu’ils nommerentAbantide.
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ABANTIDE
* ABANTIDE, s. f. le Négrepont.V.Abantes.
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ABAPTISTON
ABAPTISTON, s. m. c’est le nom que les Anciens donnoient à un instrument de Chirurgie, que les Ecrivains modernes appellent communémenttrépan. V.Trépan.(Y)
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ABAQUE
ABAQUE, s. m. chez les anciens Mathématiciens signifioit une petite table couverte de poussiere sur laquelle ils traçoient leurs plans & leurs figures, selon le témoignage de Martius Capella, & de Perse.Sat. I. v. 131. Nec qui abaco numeros & facto in pulvere metasScit risisse vafer. Ce mot semble venir du Phénicienאבק,abak, poussiere ou poudre. Abaque, ou Table de Pythagore,abacus Pythagoricus, étoit une table de nombres pour apprendre plus facilement les principes de l’Arithmétique ; cette table fut nomméetable de Pythagoreà cause que ce fut lui qui l’inventa. Il est probable que latable de Pythagoren’étoit autre chose que ce que nous appellonstable de multiplication. VoyezTable de Pythagore. Ludolphe a donné des méthodes pour faire la multiplication sans le secours de l’abaqueou table : mais elles sont trop longues & trop difficiles pour s’en servir dans les opérations ordinaires.VoyezMultiplication. (O) Abaque. Chez les Anciens ce mot signifioit une espece d’armoire ou de buffet destiné à différens usages. Dans un magazin de Négociant il servoit de comptoir ; & dans une sale à manger, il contenoit les amphores & les crateres ; celui-ci étoit ordinairement de marbre, comme il paroît par cet endroit d’Horace : Et lapis albusPocula cum cyatho duo sustinet. Les Italiens ont nommé ce meublecredenza. Le mot Abaque latinisé est Grec d’origine :Abaquesignifie de plus panier, corbeille, chapiteau de colonne, baze d’une roche, d’une montagne, le diametre du soleil,&c.Quelques-uns prétendent qu’Abaqueest composé d’àprivatif & deβάσις,fondementoubase, c’est-à-direqui est, sans pié-d’estal, attaché contre le mur. Mais Guichard remonte plus haut, il dérive le motἄϐαξde l’Hebreuאכך,extolli, être élevé ; & il suppose qu’il signifioit d’abord une planche ou une tablette, ou quelqu’autre meuble semblable appliqué contre le mur. Tite-Live & Salluste parlant du luxe des Romains, après la conquête de l’Asie, leur reprochent pour ces buffets inconnus à leurs bons ayeux un goût qui alloit jusqu’à en faire fabriquer de bois le plus précieux, qu’on revêtoit de lames d’or. * L’Abaqued’usage pour les comptes & les calculs étoit une espece de quadre long & divisé par plusieurs cordes d’airain paralleles qui enfiloient chacune une égale quantité de petites boules d’ivoire ou de bois mobiles comme des grains de chapelet, par la disposition desquelles, & suivant le rapport que les inférieures avoient avec les supérieures, on distribuoit les nombres en diverses classes, & l’on faisoit toute sorte de calculs. Cette tablette arithmétique à l’usage des Grecs ne fut pas inconnue aux Romains. On la trouve décrite d’après quelques monumens antiques par Fulvius Ursinus & Ciaconius : mais comme l’usage en étoit un peu difficile, celui de compter avec les jettons prévalut. A la Chine & dans quelques cantons de l’Asie, les Négocians comptent encore avec de petites boules d’ivoire ou d’ébene enfilées dans un fil de léton qu’ils portent accroché à leur ceinture. (G) *Abaque. Le grandabaqueest encore une espece d’auge dont on se sert dans les Mines pour laver l’or. Abaque, c’est, dit Harris, & disent d’après Harris les Auteurs de Trevoux, la partie supérieure ou le couronnement du chapiteau de la colonne. L’abaque est quarré au Toscan, au Dorique, & à l’Ionique antique, & échancré sur ses faces aux chapiteaux Corinthien & Composite. Dans ces deux ordres, ses angles s’appellentcornes, le milieu s’appellebalai, & la courbure s’appellearc& a communément une rose au milieu. Les Ouvriers, ajoûtent Mauclerc & Harris, appellent aussiabaqueun ornement Gothique avec un filet ou un chapelet de la moitié de la largeur de l’ornement, & l’on nomme ce filet,le filetoule chapelet de l’abaque. Dans l’ordre Corinthien, l’abaque est la septieme partie du chapiteau. Andrea Palladio nommeabaquela plinthe qui est autour du quart-de-rond appellééchime; l’abaque se nomme encoretailloir. Scamozzi donne aussi le nom d’abaqueà une moulure en creux qui forme le chapiteau du pié-d’estal de l’ordre Toscan.VoyezHarris,premiere & seconde partie.
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ABARANER
* ABARANER, s. petite Ville dans la grande Arménie.Long. 64. lat. 39. 50.
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ABAREMO-TEMO
* ABAREMO-TEMO, s. m. arbre qui croît, dit-on, dans les montagnes du Bresil. Ses racines sont d’un rouge foncé, & son écorce est cendrée, amere au goût, & donne une décoction propre à déterger les ulceres invétérés. Sa substance a la même propriété, Il ne reste plus qu’à s’assûrer de l’existence del’arbre & de ses propriétés. Voilà toûjours son nom.
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ABARES
* ABARES, restes de la Nation des Huns qui se répandirent dans la Thuringe sous Sigebert.Voyezla description effrayante qu’en fait le Dictionnaire de Trevoux.
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ABARIM
* ABARIM, montagne de l’Arabie d’où Moyse vit la terre promise ; elle étoit à l’Orient du Jourdain vis-à-vis Jéricho, dans le pays des Moabites.
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ABARIME_ou_ABARIMON
* ABARIMEouABARIMON, grande vallée de Scythie au pied du mont Imaüs qui la forme.
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ABARNAHAS
* ABARNAHAS, terme qu’on trouve dans quelques Alchimistes, & sur-tout dans leTheatrum chimicumde Servien Zadith. Il ne paroît pas qu’on soit encore bien assûré de l’idée qu’il y attachoit. Chambers dit qu’il entendoit parAbarnahasla même chose que parplena luna, & parplena lunala même chose que parmagnesia, & parmagnesiala Pierre philosophale. Voilà bien des mots pour rien.
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ABARO
* ABARO, Bourg ou petite Ville de Syrie dans l’Antiliban.
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ABAS
* ABAS, s. m. poids en usage en Perse pour peser les perles. Il est de trois grains & demi, un peu moins forts que ceux du poids de marc.
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ABASCIE
* ABASCIE, contrée de la Géorgie dans l’Asie.Long. 56. 60. lat. 43. 45.
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ABASSE_ou_ABASCE
* ABASSEouABASCE, Habitans de l’Abascie,VoyezAbascie.
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ABASTER
* ABASTER, (Métamorph.) l’un des trois chevaux du char de Pluton. C’est le noir.V.Metheus&Nonius.
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ABATAGE
ABATAGE, s. m. On dit dans un chantier & sur un atelier faire un abatage d’une ou plusieurs pierres, lorsque l’on veut les coucher de leur lit sur leurs joints pour en faire les paremens, ce qui s’exécute lorsque ces pierres sont d’une moyenne grosseur, avec un boulin & des moilons : mais lorsqu’elles sont d’une certaine étendue, on se sert de leviers, de cordages, & de coins,&c.(P) Abatage, sixieme manœuvre du Faiseur de bas au métier. Elle consiste dans un mouvement assez léger : l’Ouvrier tire à lui horisontalement la barre à poignée ; & par ce mouvement il fait avancer les ventres des platines jusqu’entre les têtes des aiguilles, & même un peu au-delà. Alors l’ouvrage paroît tomber, mais il est toûjours soûtenu par les aiguilles ; la maille est seulement achevée.Voyez la Planche seconde du Faiseur de bas au métier, fig. 2. 5, & 6. Dans la cinquieme manœuvre, la presse est sur les becs des aiguilles, & la soie est amenée sur leurs extrémités, comme on voit dans lesfig. 1. 3. 4. mais dans l’abatage la presse est relevée, les ventres B des platines, (fig.2.) ont fait tomber au-delà des têtes des aiguilles la soie qui n’étoit que sur leurs extrémités, comme on voit (fig. 2. 5. 6.) On voit (fig. 2.) les ventres B C des platines avancés entre les tétes des aiguilles. On voit (fig. 5.) l’ouvrage 3. 4. abattu ; & on voit (fig. 6.) l’ouvrage abattu & soutenu par les aiguilles, avec les mailles formées, 5, 6.Voyezl’articleBas. Abatage,terme de Charpentier. Quand on a une piece de bois à lever, on pousse le bout d’un levier sous cette piece, on place un coin à un pié ou environ de ce bout ; on conçoit que plus le coin est voisin du bout du levier qui est sous la piece à lever, plus l’autre extrémité du levier doit être élevée, & que plus cette extrémité est élevée, plus l’effet du levier sera considérable. On attache une corde à cette extrémité élevée du levier ; les ouvriers tirent tous à cette corde : à mesure qu’ils font baisser cette extrémité du levier à laquelle leur force est appliquée, l’extrémité qui est sous la piece s’éleve, & avec elle la piece de bois. Voilà ce qu’on appelle en charpenterie,faire un abatage.
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ABATANT
ABATANT, s. m. c’est un chassis de croisée, ou un volet ferré par le haut, qui se leve au plancher, en s’ouvrant par le moyen d’une corde passée dans une poulie. On s’en sert dans le haut des fermetures de boutiques : les Marchands d’étoffes en font toûjours usage dans leurs magasins ; ils n’ont par ce moyen de jour, que ce qu’il en faut pour faire valoir les couleurs de leurs étoffes, en n’ouvrant l’abatant qu’autant qu’il est à propos. (P) Abatant, (Métier à faire des bas.) On donne ce nom aux deux parties (85 96) (85 96) semblables & semblablement placées du Bas au métier,planche 6. figure 2. Il faut y distinguer plusieurs parties ; on voit sur leur face antérieure une piece 94, 94 qu’on appellegarde platine; sur leur face postérieure une piece 95 95, qu’on appelle lecrochet du dedans de l’abatant: & sous leur partie inférieure une piece 96 96, qu’on appelle lecrochet de dessous des abatans. Il n’y a pas une de ces pieces qui n’ait son usage, relatif à son lieu & à sa configuration.Voyezpour vous en convaincre, l’articleBas. L’extrémité supérieure des abatans 85, 85, s’assemble & s’ajuste dans la charniere des épaulieres, comme on voit aisément dans lafigure premiere de la même Planche.
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ABAT_CHAUV%C3%89E
* ABAT CHAUVÉE, s. f. sorte de laine de qualité subalterne à laquelle on donne ce nom dans l’Angoumois, la Xaintonge, la Marche & le Limosin.
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ABAT%C3%89E_ou_ABBAT%C3%89E
ABATÉEouABBATÉE, s. f. On se sert de ce terme pour exprimer le mouvement d’un vaisseau en panne, qui arrive de lui-même jusqu’à un certain point, pour revenir ensuite au vent.VoyezPanne&Arriver. (Z)
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ABATELEMENT
ABATELEMENT, s. m. terme de commerce usité parmi les François dans les Echelles du Levant. Il signifie une Sentence du Conseil portant interdiction de commerce contre les Marchands & Négocians de la Nation qui désavouent leurs marchés, ou qui refusent de payer leurs dettes. Cette interdiction est si rigide, qu’il n’est pas même permis à ceux contre qui elle est prononcée d’intenter aucune action pour le payement de leurs dettes, jusqu’à ce qu’ils ayent satisfait au Jugement du Conseil, & fait lever l’abatelement en payant & exécutant ce qui y est contenu.Dictionn. du Commerce, tome I. page 548. (G)
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ABATEMENT
ABATEMENT, s. m. état de foiblesse dans lequel se trouvent les personnes qui ont été malades, ou celles qui sont menacées de maladie. Dans les personnes revenues de maladie, l’abatement par lui-même n’annonce aucune suite fâcheuse : mais c’est, selon Hippocrate, un mauvais symptome dans les personnes malades, quand il n’est occasionné par aucune évacuation ; & dans les personnes en santé, quand il ne provient ni d’exercice, ni de chagrin, ni d’aucune autre cause de la même évidence. (N)
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ABATIS
ABATIS, s. m. Les Carriers appellent ainsi les pierres qu’ils ont abatues dans une carriere, soit la bonne pour bâtir, ou celle qui est propre à faire du moilon. Ce mot se dit aussi de la démolition & des décombres d’un bâtiment. (P) Abatis, c’est dans l’Art Militaire une quantité de grands arbres que l’on abat & que l’on entasse les uns sur les autres pour empêcher l’ennemi de pénétrer dans des retranchemens ou dans quelque autre lieu. On étend ces arbres tout de leur long le pié en dedans ; on les attache ferme les uns contre les autres, & si près, que leurs branches s’entrelassent ou s’embrassent réciproquement. On se sert de cette espece de retranchement pour boucher des défilés & pour se couvrir dans les passages des rivieres. Il est important d’avoir quelque fortification à la tête du passage, pour qu’il ne soit point insulté par l’ennemi ; il n’y a point d’obstacles plus redoutables à lui opposer que les abatis. On se trouve à couvert de ses coups derriere les branches,& il est impossible aux ennemis de les aborder & de joindre ceux qui les défendent, & qui voyent à travers les branches sans être vûs. On se sert encore d’abatis pour mettre des postes d’infanterie dans les bois & les villages à l’abri d’être emportés par l’ennemi ; dans les circonvallations & les lignes on s’en sert pour former la partie de ces ouvrages qui occupe les bois & les autres lieux qui fournissent cette fortification. (Q) Abatis, se dit de la coupe d’un bois ou d’une forêt, laquelle se doit faire suivant les Ordonnances. Plusieurs observent que l’abatis se fasse en décours de lune, parce que avant ce tems-là, le bois deviendroit vermoulu. C’est l’opinion la plus commune, & elle n’est peut-être pas plus certaine que celle de ne semer qu’en pleine lune & de ne greffer qu’en decours. Abatis, se dit de l’action d’un chasseur qui tue beaucoup de gibier ; c’est aussi le nom qu’on donne aux petits chemins que les jeunes loups se font en allant & venant au lieu où ils sont nourris ; & quand les vieux loups ont tué des bêtes, on dit, les loups ont fait cette nuit un grandabatis. Abatis. On entend par ce mot la tête, les pattes, les ailerons, le foie, & une partie des entrailles d’une oie, d’un dindon, chapon & autre volaille. Les Cuisiniers font un grand usage des abatis, & les font servir bouillis, à l’étuvé, en ragoût, en pâté, &c. *Abatis, lieu où les Bouchers tuent leurs bestiaux.VoyezTuerie. *Abatis, dans les tanneries, chamoiseries,&c.On appellecuirs d’abatis, les cuirs encore en poil, & tels qu’ils viennent de la boucherie.
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ABATON
ABATON, s. m. c’est le nom que donnerent les Rhodiens à un grand édifice qu’ils construisirent pour masquer deux Statues de bronze que la Reine Artemise avoit élevées dans leur ville en mémoire de son triomphe sur eux.Vitruve, Livre II. p. 48. (P)
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ABATOS
* ABATOS, s. isle d’Egypte dans le Palus de Memphis.
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ABATTRE
ABATTRE, v. a. Abattre une maison, un mur, un plancher.&c. VoyezDémolir. (P) Abattre,arriver, dériver, obéir au vent, lorsqu’un vaisseau est sous voile. Ces termes se prennent en différens sens. On dit qu’un vaisseau abat, quand il est détourné de sa route par la force des courants, par les vagues & par les marées. Faireabattreun vaisseau, c’est le faire obéir au vent lorsqu’il est sous les voiles, ou qu’il présente trop le devant au lieu d’où vient le vent ; ce qui s’exécute par le jeu du gouvernail, dont le mouvement doit être secondé par une façon de porter ou d’orienter les voiles. On dit que le vaisseauabat, lorsque l’ancre a quitté le fond, & que le vaisseau arrive ou obéit au vent.VoyezArriver. Abattre un vaisseau, c’est le mettre sur le côté pour travailler à la carene, ou à quelqu’endroit qu’il faut mettre hors de l’eau, pour qu’on puisse le radouber.VoyezCarene.Radoub. (Z) Abattreun cheval, c’est le faire tomber sur le côté par le moyen de certains cordages appellésentraves&lacs. On l’abat ordinairement pour lui faire quelque opération de Chirurgie, ou même pour le ferrer lorsqu’il est trop difficile. Abattre l’eau :c’est essuyer le corps d’un cheval qui vient de sortir de l’eau, ou qui est en sueur ; ce qui se fait par le moyen de la main ou du couteau de chaleur. S’abattre, se dit plus communément des chevaux de tirage qui tombent en tirant une voiture. (V) Abattrel’oiseau, c’est le tenir & serrer entre deux mains pour lui donner quelques médicamens. On dit,il faut abattre l’oiseau. Abattre, sixieme manœuvre du Faiseur de bas au métier.VoyezAbatage.Voyez aussiBas au métier. Abattre,terme de Chapelier, c’est applatir sur un bassin chaud le dessus de la forme & les bords d’un chapeau, après lui avoir donné l’apprêt & l’avoir bien fait sécher ; pour cet effet il faut que le bassin soit couvert de toile & de papiers, qu’on arrose avec un goupillon. Abattredu bois au trictrac; c’est étaler beaucoup de dames de dessus le premier tas, pour faire plus facilement des cases dans le courant du jeu.V.Case.
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ABATTUE
ABATTUE. s. f. On entend à Moyenvic & dans les autres Salines de Franche-Comté par uneabattue, le travail continu d’une poële, depuis le moment où on la met en feu, jusqu’à celui où on la laisse reposer. A Moyenvic chaqueabattueest composée de dix-huit tours, & chaque tour de vingt-quatre heures. Mais comme on laisse six jours d’intervalle entre chaque abattue, il ne se fait à Moyenvic qu’environ 20 abattues par an. La poële s’évalue à deux cens quarante muids par abattue. Son produit annuel seroit donc de 4800 muids, si quelques causes particulieres, qu’on exposera à l’articleSaline, ne réduisoient l’abattue d’une poële à 220 muids, & par conséquent son produit annuel à 4400 muids : surquoi déduisant le déchet à raison de 7 à 8 pour00{\displaystyle \scriptstyle {\frac {0}{0}}}, on peut assûrer qu’une Saline, telle que celle de Moyenvic, qui travaille à trois poëles bien soutenues, fabriquera par an douze mille trois à quatre cens muids de sel.V.Saline.
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ABATTURES
ABATTURES, s. f. pl. ce sont les traces & foulures que laisse sur l’herbe, dans les brossailles, ou dans les taillis, la bête fauve en passant : on connoît le cerf par ses abattures.
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ABAVENTS
ABAVENTS, s. m. plur. ce sont de petits auvents au-dehors des tours & clochers dans les tableaux des ouvertures, faits de chassis de charpente, couverts d’ardoise ou de plomb, qui servent à empêcher que le son des cloches ne se dissipe en l’air, & à le renvoyer en bas, dit Vignole après Daviler. Ils garantissent aussi le béfroi de charpente de la pluie qui entreroit par les ouvertures. (P)
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ABARI
* ABARI,Abaro, Abarum, s. m. grand arbre d’Ethiopie, qui porte un fruit semblable à la citrouille. Voilà tout ce qu’on en sait, & c’est presqu’en être réduit à unmot.(I)
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ABAWIWAR
* ABAWIWAR, s. m. Château & contrée de la haute Hongrie.
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ABAZ%C3%89E
* ABAZÉE, s. f.VoyezSabasie.
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ABAYANCE
* ABAYANCE, s. f.Attenteouespérance, fondée sur un jugement à venir.
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ABBAASI
ABBAASI, s. m. monnoie d’argent de Perse. Schah-Abas, deuxieme Roi de Perse, ordonna la fabrication de pieces d’argent, nomméesabbaasi. La légende est relative à l’alcoran, & les empreintes au nom de ce Roi, & à la Ville où cette sorte d’espece a été fabriquée. Unabbaasivaut deux mamoudis ou quatre chayés. Le chayé vaut un peu plus de quatre sous six deniers de France. Ainsi l’abbaasivaut, monnoie de France, dix-huit sols & quelques deniers, comme quatre à cinq deniers. Il y a des doublesabbaasi, des triples & des quadruples : mais ces derniers sont rares. Comme lesabbaasisont sujets à être altérés, il est bon de les peser ; & c’est pourquoi les payemens en cette espece de monnoie se font au poids, & non pas au nombre de pieces. (G)
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ABBA
* ABBA.V. la signification d’Abchez les Hébreux.
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ABBAYE
ABBAYE, s. f. Monastere ou Maison Religieuse, gouvernée par un Supérieur, qui prend le titre d’Abbéou d’Abbesse. VoyezAbbé,&c. Les Abbayes different des Prieurés, en ce qu’elles sont sous la direction d’un Abbé ; au lien que les Prieurés sont sous la direction d’un Prieur : mais l’Abbé & le Prieur (nous entendons l’AbbéConventuel) sont au fond la même chose, & ne different que de nom.VoyezPrieur. Fauchet observe que dans le commencement de la Monarchie Françoise, les Ducs & les Comtes s’appelloientAbbés, & les Duchés & Comtés,Abbayes. Plusieurs personnes de la premiere distinction, sans être en aucune sorte engagées dans l’état Monastique, prenoient la même qualité. Il y a même quelques Rois de France qui sont traités d’Abbésdans l’Histoire. PhilippeI. LouisVII. & ensuite les Ducs d’Orléans, prirent le titre d’Abbésdu Monastere de S. Agnan. Les Ducs d’Aquitaine sont appellésAbbésdu Monastere de S. Hilaire de Poitiers, & les Comtes d’Anjou, de celui de S. Aubin,&c.Mais c’est qu’ils possédoient en effet ces Abbayes, quoique laïques.VoyezAbbé. Abbayese prend aussi pour le bénéfice même, & le revenu dont joüit l’Abbé. Le tiers des meilleurs Bénéfices d’Angleterre étoit anciennement, par la concession des Papes, approprié aux Abbayes & autres Maisons Religieuses : mais sous HenriVIII. ils furent abolis, & devinrent des Fiefs séculiers. 190 de ces Bénéfices abolis, rapportoient annuellement entre 200 l. & 35000 l. ce qui en prenant le milieu, se monte à 2853000 l. par an. Les Abbayes de France sont toutes à la nomination du Roi, à l’exception d’un petit nombre ; savoir, parmi les Abbayes d’Hommes, celles qui sont Chefs d’Ordre, comme Cluny, Cîteaux avec ses quatre Filles,&c.& quelques autres de l’Ordre de Saint-Benoît, & de celui des Prémontrés : & parmi les Abbayes de Filles, celles de Sainte-Claire, où les Religieuses, en vertu de leur Regle, élisent leur Abbesse tous les trois ans. On peut joindre à ces dernieres, celles de l’Ordre de Saint Augustin, qui ont conservé l’usage d’élire leur Abbesse à vie, comme les Chanoinesses de S. Cernin à Toulouse. C’est en vertu du Concordat entre LéonX. & FrançoisI. que les Rois de France ont la nomination aux Abbayes de leur Royaume. (H)
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ABB%C3%89
ABBÉ, s. m. Supérieur d’un Monastere de Religieux, érigé en Abbaye ou Prélature.VoyezAbbaye&Abbesse. Le nom d’Abbétire son origine du mot hébreuאב, qui signifie pere ; d’où les Chaldéens & les Syriens ont forméabba: de là les Grecsabbas, que les Latins ont retenu. D’abbasvient en françois le nom d’Abbé, &c. S. Marc & S. Paul, dans leur Texte grec, se servent du Syriaqueabba, parce que c’étoit un mot communément connu dans les Synagogues & dans les premieres assemblées des Chrétiens. Ils y ajoûtent en forme d’interprétation, le nom de pere,abba,Ὁ Πατήρ,abba, pere, comme s’ils disoient,abba, c’est-à-dire,pere. Mais ce nomab&abba, qui d’abord étoit un terme de tendresse & d’affection en Hébreu & en Chaldéen, devint ensuite un titre de dignité & d’honneur. Les Docteurs Juifs l’affectoient, & un de leurs plus anciens Livres, qui contient les Apophthegmes, ou Sentences de plusieurs d’entre eux, est intituléPirke abbot, ouavot; c’est-à-dire,Chapitre des Peres. C’est par allusion à cette affectation que J. C. défendit à ses Disciples d’appellerpereaucun homme sur la terre : & S. Jerôme applique cette défense aux Supérieurs des Monasteres de son tems, qui prenoient le titre d’Abbéou dePere. Le nom d’Abbépar conséquent paroît aussi ancien que l’Institution des Moines eux-mêmes. Les Directeurs des premiers Monasteres prenoient indifféremment les titres d’Abbésou d’Archimandrites. VoyezMoine&Archimandrite. Les anciens Abbés étoient des Moines qui avoient établi des Monasteres ou Communautés, qu’ils gouvernoient comme S. Antoine & S. Pacôme ; ou qui avoient été préposés par les Instituteurs de la vie monastique pour gouverner une Communauté nombreuse, résidante ailleurs que dans le chef-lieu de l’Ordre ; ou enfin, qui étoient choisis par les Moines mêmes d’un Monastere, qui se soûmettoient à l’autorité d’un seul. Ces Abbés & leurs Monasteres, suivant la disposition du Concile de Chalcédoine, étoient soûmis aux Evêques, tant en Orient qu’en Occident. A l’égard de l’Orient, le quatrieme Canon de ce Concile en fait une loi ; & en Occident, le 21eCanon du premier Concile d’Orléans, le 19 du Concile d’Epaune, le 22 du II. Concile d’Orléans, & les Capitulaires de Charlemagne, en avoient reglé l’usage, surtout en France. Depuis ce tems-là quelques Abbés ont obtenu des exemptions des Ordinaires pour eux & pour leurs Abbayes, comme les Monasteres de Lérins, d’Agaune, & de Luxeuil. Ce Privilége leur étoit accordé du consentement des Evêques, à la priere des Rois & des Fondateurs. Les Abbés néanmoins étoient bénis par les Evêques, & ont eu souvent séance dans les Conciles après eux : quelques-uns ont obtenu la permission de porter la Crosse & la Mitre ; d’autres de donner la Tonsure & les Ordres mineurs. InnocentVIII. a même accordé à l’Abbé de Cîteaux le pouvoir d’ordonner des Diacres & des Soûdiacres, & de faire diverses Bénédictions, comme celles des Abbesses, des Autels, & des Vases sacrés. Mais le gouvernement des Abbés a été différent, selon les différentes especes de Religieux. Parmi les anciens Moines d’Egypte, quelque grande que fût l’autorité des Abbés, leur premiere supériorité étoit celle du bon exemple & des vertus : ni eux, ni leurs inférieurs, n’étoient Prêtres, & ils étoient parfaitement soûmis aux Evêques. En Occident, suivant la Regle de Saint Benoît, chaque Monastere étoit gouverné par un Abbé, qui étoit le Directeur de tous ses Moines pour le spirituel & pour la conduite intérieure. Il disposoit aussi de tout le temporel, mais commeun bon pere de famille; les Moines le choisissoient d’entre eux, & l’Evêque diocésain l’ordonnoit Abbé par une Bénédiction solemnelle : cérémonie formée à l’imitation de la Consécration des Evêques. Les Abbés étoient souvent ordonnés Prêtres, mais non pas toûjours. L’Abbé assembloit les Moines pour leur demander leur avis dans toutes les rencontres importantes, mais il étoit le maître de la décision ; il pouvoit établir un Prevôt pour le soulager dans le gouvernement ; & si la Communauté étoit nombreuse, il mettoit des Doyens pour avoir soin chacun de dix Religieux, comme le marque le motDecanus. Au reste, l’Abbé vivoit comme un autre Moine, excepté qu’il étoit chargé de tout le soin de la Maison, & qu’il avoit sa Mense, c’est-à-dire, sa table à part pour y recevoir les hôtes ; ce devoir ayant été un des principaux motifs de la fondation des Abbayes. Ils étoient réellement distingués du Clergé, quoique souvent confondus avec les Ecclésiastiques, à cause de leur degré au-dessus des Laïques. S. Jerôme écrivant à Héliodore, dit expressément :alia Monachorum est causa, alia Clericorum. VoyezClergé,Prêtres,&c. Dans ces premiers tems, les Abbés étoient soûmis aux Evêques & aux Pasteurs ordinaires. Leurs Monasteres étant éloignés des Villes, & bâtis dans les solitudes les plus reculées, ils n’avoient aucune part dans les affaires ecclésiastiques. Ils alloient les Dimanches aux Eglises Paroissiales avec le reste du peuple ; ou s’ils étoient trop éloignés, on leur envoyoit un Prêtre pour leur administrer les Sacremens : enfin on leur permit d’avoir des Prêtres de leur propre Corps. L’Abbé lui-même ou l’Archimandrite, étoit ordinairement Prêtre : mais ses fonctions ne s’étendoient qu’à l’assistance spirituelle de son Monastere,& il demeuroit toujours soûmis à son Evêque. Comme il y avoit parmi les Abbés plusieurs Personnes savantes, ils s’opposerent vigoureusement aux hérésies qui s’éleverent de leur tems ; ce qui donna occasion aux Evêques de les appeller de leurs déserts, & de les établir d’abord aux environs des Faubourgs des Villes, & ensuite dans les Villes mêmes. C’est de ce tems que l’on doit dater l’époque de leur relâchement. Ainsi les Abbés étant bientôt déchûs de leur premiere simplicité, ils commencerent à être regardés comme une espece de petits Prélats. Ensuite ils affecterent l’indépendance de leurs Evêques, & devinrent si insupportables, que l’on fit contre-eux des lois fort séveres au Concile de Chalcédoine & autres, dont on a parlé. L’Ordre de Cluny pour établir l’uniformité, ne voulut avoir qu’un seul Abbé. Toutes les Maisons qui en dépendoient, n’eurent que des Prieurs, quelques grandes qu’elles fussent, & cette forme de gouvernement a subsisté jusqu’à présent. Les Fondateurs de Cîteaux crurent que le relâchement de Cluny venoit en partie de l’autorité absolue des Abbés : pour y remédier ils donnerent des Abbés à tous les nouveaux Monasteres qu’ils fonderent, & voulurent qu’ils s’assemblassent tous les ans en Chapitre général, pour voir s’ils étoient uniformes & fideles à observer la Regle. Ils conserverent une grande autorité à Cîteaux sur ses quatre premieres Filles, & à chacune d’elles sur les Monasteres de sa filiation ; ensorte que l’Abbé d’une Mere Eglise présidât à l’élection des Abbés des Filles, & qu’il pût avec le conseil de quelques Abbés, les destituer s’ils le méritoient. Les Chanoines Réguliers suivirent à peu près le gouvernement des Moines, & eurent des Abbés dans leurs principales Maisons, de l’élection desquels ils demeurerent en possession jusqu’au Concordat de l’an 1516, qui transporta au Roi en France le droit des élections pour les Monasteres, aussi-bien que pour les Evêchés. On a pourtant conservé l’élection aux Monasteres qui sont Chefs-d’Ordre, comme Cluny, Cîteaux & ses quatre Filles, Prémontré, Grammont, & quelques autres ; ce qui est regardé comme un privilége, quoiqu’en effet ce soit un reste du Droit commun. Les biens des Monasteres étant devenus considérables, exciterent la cupidité des Séculiers pour les envahir. Dès le V. siecle en Italie & en France, les Rois s’en emparerent, ou en gratifierent leurs Officiers & leurs Courtisans. En vain les Papes & les Evêques s’y opposerent-ils. Cette licence dura jusqu’au Regne de Dagobert, qui fut plus favorable à l’Eglise : mais elle recommença sous Charles Martel, pendant le Regne duquel les Laïques se mirent en possession d’une partie des biens des Monasteres, & prirent même le titre d’Abbés. Pepin & Charlemagne réformerent une partie de ces abus, mais ne les détruisirent pas entierement ; puisque les Princes leurs successeurs donnoient eux-mêmes les revenus des Monasteres à leurs Officiers, à titre de récompense pour leurs services, d’où est venu le nom deBénéfice, & peut-être l’ancien mot,Beneficium propter officium; quoiqu’on l’entende aujourd’hui dans un sens très-différent, & qui est le seul vrai, savoirdes services rendus à l’Eglise. Charles le Chauve fit des lois pour modérer cet usage, qui ne laissa pas de subsister sous ses successeurs. Les Rois PhilippeI. & LouisVI. & ensuite les Ducs d’Orléans, sont appellésAbbésdu Monastere de S. Aignan d’Orléans. Les Ducs d’Aquitaine prirent le titre d’Abbésde S. Hilaire de Poitiers. Les Comtes d’Anjou, celui d’Abbésde S. Aubin ; & les Comtes de Vermandois, celui d’Abbésde S. Quentin. Cette coûtume cessa pourtant sous les premiers Rois de la troisieme race ; le Clergé s’opposant à ces innovations, & rentrant de tems en tems dans ses droits. Mais quoiqu’on n’abandonnât plus les revenus des Abbayes aux Laïques, il s’introduisit, surtout pendant le schisme d’Occident, une autre coûtume, moins éloignée en général de l’esprit de l’Eglise, mais également contraire au droit des Réguliers. Ce fut de les donner en commende à des Clercs séculiers ; & les Papes eux-mêmes furent les premiers à en accorder, toûjours pour de bonnes intentions, mais qui manquerent souvent d’être remplies. Enfin par le Concordat entre LéonX. & FrançoisI. la nomination des Abbayes en France fut dévolue au Roi, à l’exception d’un très-petit nombre ; ensorte que maintenant presque toutes sont en commende. Malgré les Reglemens des Conciles dont nous avons parlé, les Abbés, surtout en Occident, prirent le titre deSeigneur, & des marques de l’Episcopat, comme la Mitre. C’est ce qui donna l’origine à plusieurs nouvelles especes d’Abbés ; sçavoir aux Abbés mitrés, crossés, & non crossés ; aux Abbés œcuméniques, aux Abbés Cardinaux,&c. Les Abbés mitrés sont ceux qui ont le privilége de porter la Mitre, & qui ont en même tems une autorité pleinement épiscopale dans leurs divers territoires. En Angleterre on les appelloit aussiAbbés souverains&Abbés généraux, & ils étoient Lords du Parlement. Selon le Sr. Edouard Coke, il y en avoit en Angleterre vingt-sept de cette sorte, sans compter deux Prieurs mitrés.VoyezPrieur. Les autres qui n’étoient point mitrés, étoient soûmis à l’Evêque diocésain. Le Pere Hay, Moine Bénédictin, dans son Livre intituléAstrun inextinctum, soûtient que les Abbés de son Ordre ont non-seulement une Jurisdiction [comme] épiscopale, mais même une Jurisdiction [comme] papale.Potestatem quasi episcopalem, imo quasi papalem:& qu’en cette qualité ils peuvent conférer les Ordres inférieurs de Diacres & de Soûdiacres.VoyezOrdination. Lorsque les Abbés commencerent à porter la Mitre, les Evêques se plaignirent amerement que leurs priviléges étoient envahis par des Moines : ils étoient principalement choqués de ce que dans les Conciles & dans les Synodes, il n’y avoit aucune distinction entre-eux. C’est à cette occasion que le Pape ClémentIV. ordonna que les Abbés porteroient seulement la Mitre brodée en or, & qu’ils laisseroient les pierres précieuses aux Evêques.VoyezMitre. Les Abbés crossés sont ceux qui portent les Crosses ou le Bâton pastoral.VoyezCrosse. Il y en a quelques-uns qui sont crossés & non mitrés, comme l’Abbé d’une Abbaye de Bénédictins à Bourges ; & d’autres qui sont l’un & l’autre. Parmi les Grecs il y a des Abbés qui prennent même la qualité d’Abbés œcuméniques, ou d’Abbés universels, à l’imitation des Patriarches de Constantinople.VoyezŒcuménique. Les Latins n’ont pas été de beaucoup inférieurs aux Grecs à cet égard. L’Abbé de Cluny dans un Concile tenu à Rome, prend le titre d’Abbas Abbatum, Abbé des Abbés : & le Pape Calixte donne au même Abbé le titre d’Abbé Cardinal. VoyezCluny. (L’Abbé de la Trinité de Vendôme se qualifie aussiCardinal-Abbé) pour ne rien dire des autres Abbés-Cardinaux, ainsi appellés, de ce qu’ils étoient les principaux Abbés des Monasteres, qui dans la suite vinrent à être séparés. Les Abbés-Cardinaux qui sont séculiers, ou qui ne sont point Chefs-d’Ordre, n’ont point de jurisdiction sur les Religieux, ni d’autorité dans l’intérieur des Monasteres. Les Abbés aujourd’hui se divisent principalement en Abbés Réguliers (ou Titulaires), & en Abbés Commendataires. Les Abbés Réguliers sont de véritables Moines ouReligieux, qui ont fait les vœux & portent l’habit de l’Ordre.VoyezRégulier,Religieux,&c. Tous les Abbés sont présumés être tels, les Canons défendant expressément qu’aucun autre qu’un Moine ait le commandement sur des Moines : mais dans le fait il en est bien autrement. En France les Abbés Réguliers n’ont la jurisdiction sur leurs Moines que pour la correction Monachale concernant la Regle. S’il est question d’autre excès non concernant la Regle, ce n’est point à l’Abbé, mais à l’Evêque d’en connoître ; & quand ce sont des excès privilégiés, comme s’il y a port d’armes, ce n’est ni à l’Abbé, ni à l’Evêque, mais au Juge Royal d’en connoître. Les Abbés Commendataires, ou les Abbés en commende, sont des Séculiers qui ont été auparavant tonsurés. Ils sont obligés par leurs Bulles de prendre les Ordres quand ils seront en âge.VoyezSéculier,Tonsure,&c. Quoique le terme deCommendeinsinue qu’ils ont seulement pour un tems l’administration de leurs Abbayes, ils ne laissent pas d’en joüir toute leur vie, & d’en percevoir toûjours les fruits, aussi-bien que les Abbés Réguliers. Les Bulles leur donnent un plein pouvoir,tam in spiritualibus quam in temporalibus: mais dans la réalité les Abbés Commendataires n’exercent aucune fonction spirituelle envers leurs Moines, & n’ont sur eux aucune jurisdiction : ainsi cette expressionin spiritualibus, n’est que de style dans la Cour de Rome, & n’emporte avec elle rien de réel. Quelques Canonistes mettent les Abbayes en Commende au nombre des Bénéfices,inter titulos Beneficiorum: mais elles ne sont réellement qu’un titre canonique, ou une provision pour joüir des fruits d’un Bénéfice ; & comme de telles provisions sont contraires aux anciens Canons, il n’y a que le Pape qui puisse les accorder en dispensant du Droit ancien.VoyezCommende,Bénéfice,&c. Comme l’Histoire d’Angleterre parle très-peu de ces Abbés Commendataires, il est probable qu’ils n’y furent jamais communs : ce qui a donné lieu à quelques Auteurs de cette Nation de se méprendre, en prenant tous les Abbés pour des Moines. Nous en avons un exemple remarquable dans la dispute touchant l’Inventeur des Lignes, pour transformer les Figures géométriques, appellées par les Francoisles Lignes Robervalliennes. Le Docteur Gregory dans les Transactions philosophiques, année 1694, tourne en ridicule l’Abbé Gallois, Abbé Commendataire de l’Abbaye de S. Martin de Cores ; & le prenant pour un Moine : « Le bon Pere, dit-il, s’imagine que nous sommes revenus à ces tems fabuleux, où il étoit permis à un Moine de dire ce qu’il vouloit ». L’Abbé releve cette méprise, & retorque avec avantage la raillerie sur le Docteur dans les Mémoires de l’Académie, année 1703. La cérémonie par laquelle on établit un Abbé, se nomme proprementBénédiction, & quelquefois, quoiqu’abusivement,Consécration. VoyezBénédiction&Consécration. Cette cérémonie consistoit anciennement à revêtir l’Abbé de l’habit appelléCuculla, Coulle, en lui mettant le Bâton pastoral dans la main, & les souliers, appelléspedales, (sandales) à ses piés. Nous apprenons ces particularités de l’Ordre Romain de Théodore, Archevêque de Cantorbéry. En France la nomination & la collation des Bénéfices dépendans des Abbayes en Commende, appartiennent à l’Abbé seul, à l’exclusion des Religieux. Les Abbés Commendataires doivent laisser aux Religieux le tiers du revenu de leurs Abbayes franc & exempt de toutes charges. Les biens de ces Abbayes se partagent en trois lots : le premier est pour l’Abbé ; le second pour les Religieux, & le troisieme est affecté aux réparations & charges communes de l’Abbaye ; c’est l’Abbé qui en a la disposition. Quoique le partage soit fait entre l’Abbé & les Religieux, ils ne peuvent ni les uns, ni les autres, aliéner aucune partie des fonds dont ils joüissent, que d’un commun consentement, & sans observer les solemnités de Droit. La Profession des Religieux faite contre le consentement de l’Abbé est nulle. L’Abbé ne peut cependant recevoir aucun Religieux sans prendre l’avis de la Communauté. Les Abbés tiennent le second rang dans le Clergé, & sont immédiatement après les Evêques : les Abbés Commendataires doivent marcher avec les Réguliers, & concurremment avec eux, selon l’ancienneté de leur réception. Les Abbés Réguliers ont trois sortes de Puissance : l’Œconomique, celle d’Ordre, & celle deJurisdiction.Lapremiere consiste dans l’administration du temporel du Monastere : la seconde, à ordonner du Service-Divin, recevoir les Religieux à Profession, leur donner la Tonsure, conférer les Bénéfices qui sont à la nomination du Monastere : la troisieme, dans le droit de corriger, d’excommunier, de suspendre. L’Abbé Commendataire n’a que les deux premieres sortes de Puissance. La troisieme est exercée en sa place par le Prieur-claustral, qui est comme son Lieutenant pour la discipline intérieure du Monastere.VoyezPrieur&Claustral. Abbé, est aussi un titre que l’on donne à certains Evêques, parce que leurs Siéges étoient originairement des Abbayes, & qu’ils étoient même élûs par les Moines : tels sont ceux de Catane & de Montréal en Sicile.VoyezEvêque. Abbé, est encore un nom que l’on donne quelquefois aux Supérieurs ou Généraux de quelques Congrégations de Chanoines Réguliers, comme est celui de Sainte Génevieve à Paris.VoyezChanoine,Génevieve,&c. Abbé, est aussi un titre qu’ont porté différens Magistrats, ou autres personnes laïques. Parmi les Génois, un de leurs premiers Magistrats étoit appellél’Abbé du Peuple :nom glorieux, qui dans son véritable sens signifioitPere du Peuple. (H&G)
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ABBECHER_ou_ABBECQUER
ABBECHERouABBECQUER, v. a. c’est donner la becquée à un oiseau qui ne peut pas manger de lui-même. Abbecquerouabbécherl’oiseau, c’est lui donner seulement une partie du pât ordinaire pour le tenir en appétit ; on dit, il fautabbecquerle lanier.
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ABBESSE
ABBESSE, s. f. nom de dignité. C’est la Supérieure d’un Monastere de Religieuses, ou d’une Communauté ou Chapitre de Chanoinesses, comme l’Abbesse de Remiremont en Lorraine. Quoique les Communautés de Vierges consacrées à Dieu soient plus anciennes dans l’Eglise que celles des Moines, néanmoins l’Institution des Abbesses est postérieure à celle des Abbés. Les premieres Vierges qui se sont consacrées à Dieu, demeuroient dans leurs maisons paternelles. Dans le IVesiecle elles s’assemblerent dans des Monasteres, mais elles n’avoient point d’Eglise particuliere ; ce ne fut que du tems de saint Grégoire qu’elles commencerent à en avoir qui fissent partie de leurs Convens. L’Abbesse étoit autrefois élûe par sa Communauté, on les choisissoit parmi les plus anciennes & les plus capables de gouverner ; elles recevoient la bénédiction de l’Evêque, & leur autorité étoit perpétuelle. L’Abbesse a les mêmes droits & la même autorité sur ses Religieuses, que les Abbés Réguliers ont sur leurs Moines.VoyezAbbé. Les Abbesses ne peuvent à la vérité, à cause de leur sexe, exercer les fonctions spirituelles attachées à la Prêtrise, au lieu que les Abbés en sontordinairement revêtus. Mais il y a des exemples de quelques Abbesses qui ont le droit, ou plûtôt le privilége de commettre un Prêtre qui les exerce pour elles. Elles ont même une espece de jurisdiction épiscopale, aussi bien que quelques Abbés, qui sont exempts de la visite de leurs Evêques diocésains.V.Exemption. L’Abbesse de Fontevraud, par exemple, a la supériorité & la direction, non-seulement sur ses Religieuses, mais aussi sur tous les Religieux qui dépendent de son Abbaye. Ces Religieux sont soumis à sa correction, & prennent leur mission d’elle. En France la plûpart des Abbesses sont nommées par le Roi. Il y a cependant plusieurs Abbayes & Monasteres qui se conferent par élection, & sont exempts de la nomination du Roi, comme les Monasteres de Sainte Claire. Il faut remarquer, que quoique le Roi de France ait la nomination aux Abbayes de Filles, ce n’est pas cependant en vertu du Concordat ; car les Bulles que le Pape donne pour ces Abbesses, portent que le Roi a écrit en faveur de la Religieuse nommée, & que la plus grande partie de la Communauté consent à son élection, pour conserver l’ancien droit autant qu’il se peut. Selon le Concile de Trente, celles qu’on élit Abbesses doivent avoir 40 ans d’âge, & 8 de profession, ou avoir au moins 5 ans de profession, & être âgées de 30 ans. Et suivant les Ordonnances du Royaume, toute Supérieure, & par conséquent toute Abbesse, doit avoir 10 ans de profession, ou avoir exercé pendant 6 ans un office claustral.M. Fleury, Inst. au Droit Eccles. Le Pere Martene dansson Traité des Rits de l’Eglise, tomeII. page 39. observe que quelques Abbesses confessoient anciennement leurs Religieuses. Il ajoute, que leur curiosité excessive les porta si loin, que l’on fut obligé de la réprimer. Saint Basile dans sesRegles abregées. interrog. 110, tom.II. page 453. permet à l’Abbesse d’entendre avec le Prêtre les confessions de ses Religieuses.VoyezConfession. Il est vrai, comme l’observe le Pere Martene dans l’endroit cité, que jusqu’au 13esiecle non-seulement les Abbesses, mais les Laïques mêmes entendoient quelquefois les confessions, principalement dans le cas de nécessité : mais ces confessions n’étoient point sacramentales, & se devoient aussi faire au Prêtre. Elles avoient été introduites par la grande dévotion des fideles, qui croyoient qu’en s’humiliant ainsi, Dieu leur tiendroit compte de leur humiliation : mais comme elles dégénérerent en abus, l’Eglise fut obligée de les supprimer. Il y a dans quelques Monasteres une pratique appelléela Coulpe, qui est un reste de cet ancien usage. (H&G)
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ABBEVILLE
* ABBEVILLE, ville considérable de France, sur la riviere de Somme qui la partage, dans la Basse-Picardie, capitale du Comté de Ponthieu.Long. 19 d. 19′. 40″. lat. trouvée de 50 d. 6′. 55″. parM. Cassinien 1688. VoyezHist. Acad. page 56.
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ABCAS
* ABCAS, peuple d’Asie qui habite l’Abascie.
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ABC%C3%89DER
* ABCÉDER, v. neut. Lorsque des parties qui sont unies à d’autres dans l’état de santé, s’en séparent dans l’état de maladie, en conséquence de la corruption, on dit que ces parties sontabcédées.
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ABC%C3%88S
ABCÈS, s. m. est une tumeur qui contient du pus. Les Auteurs ne conviennent pas de la raison de cette dénomination. Quelques-uns croyent que l’abcès a été ainsi appellé du mot latinabcedere, se séparer, parce que les parties qui auparavant étoient contiguës se séparent l’une de l’autre : quelques autres, parce que les fibres y sont déchirées & détruites ; d’autres, parce que le pus s’y rend d’ailleurs, ou est séparé du sang : enfin d’autres tirent cette dénomination de l’écoulement du pus, & sur ce principe ils assûrent qu’il n’y a point proprement d’abcès jusqu’à ce que la tumeur creve & s’ouvre d’elle-même. Mais ce sont là des distinctions trop subtiles, pour que les Medecins s’y arrêtent beaucoup. Tous les abcès sont des suites de l’inflammation. On aide la maturation des abcès par le moyen des cataplasmes ou emplâtres maturatifs & pourrissans. La chaleur excessive de la tumeur & la douleur pulsative qu’on y ressent sont avec la fievre les signes que l’inflammation se terminera par suppuration. Les frissons irréguliers qui surviennent à l’augmentation de ces symptomes sont un signe que la suppuration se fait. L’abcès est formé lorsque la matiere est convertie en pus : la diminution de la tension, de la fievre, de la douleur & de la chaleur, la cessation de la pulsation, en sont les signes rationels. L’amollissement de la tumeur & la fluctuation sont les signes sensuels qui annoncent cette terminaison.VoyezFluctuation. On ouvre les abcès par le caustique ou par l’incision. Les abcès ne peuvent se guérir que par l’évacuation du pus. On préfere le caustique dans les tumeurs critiques qui terminent quelquefois les fievres malignes. L’application d’un caustique fixe l’humeur dans la partie où la nature semble l’avoir déposé ; elle en empêche la résorption qui seroit dangereuse & souvent mortelle. Les caustiques déterminent une grande suppuration & en accélerent la formation. On les employe dans cette vûe avant la maturité parfaite. On met aussi les caustiques en usage dans les tumeurs qui se sont formées lentement & par congestion, qui suppurent dans un point dont la circonférence est dure, & où la conversion de l’humeur en pus seroit ou difficile ou impossible sans ce moyen. Pour ouvrir une tumeur par le caustique, il faut la couvrir d’un emplâtre fenestré de la grandeur que l’on juge la plus convenable ; on met sur la peau à l’endroit de cette ouverture, une traînée de pierre à cautere. Si le caustique est solide, on a soin de l’humecter auparavant ; on couvre le tout d’un autre emplâtre, de compresses & d’un bandage contentif. Au bout de cinq ou six heures, plus ou moins, lorsqu’on juge, suivant l’activité du caustique dont on s’est servi, que l’escarre doit être faite, on leve l’appareil, & on incise l’escarre d’un bout à l’autre avec un bistouri, en pénétrant jusqu’au pus ; on panse la plaie avec des digestifs, & l’escarre tombe au bout de quelques jours par une abondante suppuration. Dans les cas ordinaires des abcès, il est préférable de faire l’incision avec l’instrument tranchant qu’on plonge dans le foyer de l’abcès. Lorsque l’abcès est ouvert dans toute son étendue, on introduit le doigt dans sa cavité, & s’il y a des brides qui forment des cloisons, & séparent l’abcès en plusieurs cellules, il faut les couper avec la pointe des ciseaux ou avec le bistouri. Il faut que l’extrémité du doigt conduise toûjours ces instrumens, de crainte d’intéresser quelques parties qu’on pourroit prendre pour des brides sans cette précaution. Si la peau est fort amincie, il faut l’emporter avec les ciseaux & le bistouri. Ce dernier instrument est préférable, parce qu’il cause moins de douleur, & rend l’opération plus prompte. On choisit la partie la plus déclive pour faire l’incision aux abcès. Il faut, autant que faire se peut, ménager la peau ; dans ce dessein on fait souvent des contre-ouvertures, lorsque l’abcès est fort étendu.VoyezContre-ouverture. Les abcès causés par la présence de quelques corps étrangers ne se guérissent que par l’extraction de ces corps.VoyezTumeur. Lorsque l’abcès est ouvert, on remplit de charpie mollette le vuide qu’occupoit la matiere, & on y applique un appareil contentif. On panse, les jours suivans, avec des digestifs jusqu’à ce que les vaisseaux qui répondent dans le foyer de l’abcès se soientdégorgés par la suppuration. Lorsqu’elle diminue, que le pus prend de la consistance, devient blanc & sans odeur, le vuide se remplit alors de jour en jour de mammelons charnus, & la cicatrice se forme à l’aide des pansemens méthodiques dont il sera parlé à la cure des ulceres.VoyezUlcere. M. Petit a donné à l’Académie Royale de Chirurgie un Mémoire important sur les tumeurs de la vésicule du fiel qu’on prend pour desabcèsau foie. Les remarques de ce célebre Chirurgien enrichissent la Pathologie d’une maladie nouvelle. Il rapporte les signes qui distinguent les tumeurs de la vésicule du fiel distendue par la bile retenue, d’avec lesabcèsau foie. Il fait le parallele de cette rétention de la bile & de la pierre biliaire avec la rétention d’urine & la pierre de la vessie, & propose des opérations sur la vésicule du fiel à l’instarde celles qu’on fait sur la vessie.V. le1ervol. des Mem. de l’Acad. de Chirurgie. Il survient fréquemment desabcèsconsidérables au fondement, qui occasionnent des fistules.Voyezce qu’on en dit à l’article de laFistule à l’anus. (Y) * M. Littre observe,Histoire de l’Academie, an. 1701, page 29, à l’occasion d’une inflammation aux parois du ventricule gauche du cœur, que les ventricules du cœur doivent être moins sujets à desabcèsqu’à des inflammations. Car l’abcèsconsiste dans un fluide extravasé qui se coagule, se corrompt & se change en pus, & l’inflammation dans un gonflement des vaisseaux causé par trop de fluide. Si donc on suppose que, des arteres coronaires qui nourrissent la substance du cœur, il s’extravase & s’épanche du sang qui ne rentre pas d’abord dans les veines coronaires destinées à le reprendre ; il sera difficile que le mouvement continuel de contraction & de dilatation du cœur ne le force à y rentrer, ou du moins ne le brise & ne l’atténue, de sorte qu’il s’échappe dans les ventricules au-travers des parois. Quant à l’inflammation, le cœur n’a pas plus de ressources qu’une autre partie pour la prévenir, ou pour s’en délivrer. * On lit,Histoire de l’Acad. an. 1730, p. 40. la guérison d’unabcèsau foie qui mérite bien d’être connue.M.Soullier Chirurgien de Montpellier fut appellé auprès d’un jeune homme âgé de 13 à 14 ans qui, après s’être fort échauffé, s’étoit mis les piés dans l’eau froide & avoit eu une fievre ordinaire, mais dont la suite fut très fâcheuse. Ce fut une tumeur considérable au foie, qu’il ouvrit. Il trouva ce viscere considérablement abcédé à sa partie antérieure & convexe. Il s’y étoit fait un trou qui auroit pû recevoir la moitié d’un œuf de poule, & il en sortoit dans les pansemens une matiere sanguinolente, épaisse, jaunâtre, amere & inflammable : c’étoit de la bile véritable accompagnée de floccons de la substance du foie. Pour vuider la matiere de cetabcès, M. Soullier imagina une cannule d’argent émoussée par le bout qui entroit dans le foie, sans l’offenser, & percée de plusieurs ouvertures latérales qui recevoient la matiere nuisible & la portoient en-dehors, où elle s’épanchoit sur une plaque de plomb qu’il avoit appliquée à la plaie, de maniere que cette matiere ne pouvoit excorier la peau. L’expédient réussit, la fievre diminua, l’embonpoint revint, la plaie se cicatrisa, & le malade guérit. * On peut voir encore dans leRecueil de 1731, page 515, une observation de M. Chicoyneau pere, sur unabcèsintérieur de la poitrine accompagné des symptomes de la phthisie & d’un déplacement notable de l’épine du dos & des épaules ; le tout terminé heureusement par l’évacuation naturelle de l’abcèspar le fondement.
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ABDAR
ABDAR, s. m. nom de l’Officier du Roi de Perse qui lui sert de l’eau à boire, & qui la garde dans une cruche cachetée, de peur qu’on n’y mêle du poison, à ce que rapporte Olearius dans son voyage de Perse. (G)
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ABDARA
* ABDARA, ville d’Espagne, bâtie par les Carthaginois dans la Bétique, sur la côte de la Méditerranée ; on soupçonne que c’est la ville qu’on nomme aujourd’huiAdradans le Royaume de Grenade.
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ABDELARI
* ABDELARI, plante Egyptienne dont le fruit ressembleroit davantage au melon, s’il étoit un peu moins oblong & aigu par ses extrémités. Ray.H. Pl.
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ABDERE
* ABDERE, ancienne ville de Thrace, que quelques-uns prennent pour celle qu’on appelle aujourd’huiAsperosa, ville maritime de Romanie.
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ABDERITES
* ABDERITES, habitans d’Abdere.V.Abdere.
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ABDEST
ABDEST, s. m. mot qui dans la Langue Persane signifie proprement l’eau qui sert à laver les mains : mais il se prend par les Persans & par les Turcs pour la purification légale ; & ils en usent avant que de commencer leurs cérémonies religieuses. Ce mot est composé d’abqui signifie de l’eau, & d’estla main. Les Persans, dit Olearius, passent la main mouillée deux fois sur leur tête depuis le col jusqu’au front, & ensuite sur les piés jusqu’aux chevilles : mais les Turcs versent de l’eau sur leur tête, & se lavent les piés trois fois. Si néanmoins ils se sont lavés les piés le matin avant que de mettre leur chaussure, ils se contentent de mouiller la main, & de la passer par-dessus cette chaussure depuis les orteils jusqu’à la cheville du pied. (G)
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ABDICATION
ABDICATION, s. f. acte par lequel un Magistrat ou une personne en charge y renonce, & s’en démet avant que le terme légal de son service soit expiré.VoyezRenonciation. Ce mot est dérivé d’abdicare, composé deab, & dedicere, déclarer. On confond souvent l’abdicationavec larésignation :mais à parler exactement, il y a de la différence. Car l’abdicationse fait purement & simplement, au lieu que larésignationse fait en faveur de quelque personne tierce.VoyezRésignation. En ce sens on dit que Dioclétien & CharlesV.abdiquerentla Couronne, & que PhilippeV. Roi d’Espagne l’arésigna. Le Parlement d’Angleterre a décidé que la violation des Lois faite par le Roi Jacques, en quittant son Royaume, sans avoir pourvû à l’administration nécessaire des affaires pendant son absence, emportoit avec elle l’abdicationde la Couronne : mais cette décision du Parlement est-elle bien équitable ? Abdicationdans le Droit civil, se prend particulierement pour l’acte par lequel un pere congédie & desavoue son fils, & l’exclut de sa famille. En ce sens, ce mot est synonyme au mot Grecἀποκήρυξις, & au mot Latin,à familiâ alienatio, ou quelquefoisablegatio & negatio, & est opposé àadoption. Il differe de l’exhérédation, en ce que l’abdicationse faisoit du vivant du pere, au lieu que l’exhérédationne se faisoit qu’à la mort. Ainsi quiconque étoitabdiqué, étoit aussiexhérédé, mais nonvice versâ. V.Exhérédation. L’abdicationse faisoit pour les mêmes causes que l’exhérédation. Abdications’est dit encore de l’action d’un homme libre qui renonçoit à sa liberté, & se faisoit volontairement esclave ; & d’un citoyen Romain qui renonçoit à cette qualité, & aux priviléges qui y étoient attachés. Abdication,au Palais, est aussi quelquefois synonyme àabandonnement. V.Abandonnement. (H)
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ABDOMEN
ABDOMEN, s. m. signifie lebas-ventre, c’est-à-dire cette partie du corps qui est comprise entre le thorax & les hanches.VoyezVentre. Ce mot est purement Latin, & est dérivé d’abdere, cacher, soit parce que les principaux visceres du corps sont contenus dans cette partie, & y sont, pour ainsi dire, cachés, soit parce que cette partiedu corps est toûjours couverte & cachée à la vûe ; au lieu que la partie qui est au-dessus, savoir le thorax, est souvent laissée à nud. D’autres croient que le motabdomenest composé deabdere& d’omentum, parce que l’omentumou l’épiploon est une des parties qui y sont contenues. D’autres regardent ce mot comme un pur paronymon ou terminaison d’abdere, principalement de la maniere dont on le lit dans quelques anciens Glossaires, où il est écritabdumenqui pourroit avoir été formé deabdere, commelegumendelegere, l’o& l’uétant souvent mis l’un pour l’autre. Les Anatomistes divisent ordinairement le corps en trois régions ou ventres ; la tête, le thorax ou la poitrine, & l’abdomen qui fait la partie inférieure du tronc, & qui est terminé en haut par le diaphragme, & en bas par la partie inférieure du bassin des os innominés.VoyezCorps. L’abdomenest doublé intérieurement d’une membrane unie & mince appelléepéritoine, qui enveloppe tous les visceres contenus dans l’abdomen, & qui les retient à leur place. Quand cette membrane vient à se rompre ou à se dilater, il arrive souvent que les intestins & l’épiploon s’engagent seuls ou tous deux ensemble dans les ouvertures du bas-ventre, & forment ces tumeurs qu’on appelleherniesoudescentes. VoyezPéritoine&Hernie. Les muscles de l’abdomen sont au nombre de dix, cinq de chaque côté ; non seulement ils défendent les visceres, mais ils servent par leur contraction & dilatation alternative à la respiration, à la digestion, & à l’expulsion des excrémens. Par la contraction de ces muscles, la cavité de l’abdomen est resserrée, & la descente des matieres qui sont contenues dans l’estomac & dans les intestins, est facilitée. Ces muscles sont les antagonistes propres des sphincters de l’anus & de la vessie, & chassent par force les excrémens contenus dans ces parties, comme aussi le fœtus dans l’accouchement.VoyezMuscle,Respiration,Digestion,Accouchement,&c. Ces muscles sont les deux obliques descendans, & les deux obliques ascendans, les deux droits, les deux transversaux, & les deux pyramidaux.Voyez les articlesOblique,Droit,Pyramidal,&c. On divise la circonférence de l’abdomen en régions : antérieurement on en compte trois ; savoir, la région épigastrique ou supérieure, la région ombilicale ou moyenne, & la région hypogastrique ou inférieure : postérieurement on n’en compte qu’une sous le nom derégion lombaire. VoyezÉpigastrique,Ombilical,&c. On subdivise chacune de ces régions en trois, sçavoir, en une moyenne & deux latérales ; l’épigastrique en épigastre & en hypocondre ; l’ombilicale en ombilicale proprement dite, & en flancs ; l’hypogastrique en pubis & en aînes ; la lombaire en lombaires proprement dites & en lombes.VoyezÉpigastre,Hypocondre,&c. Immédiatement au-dessous des muscles se présente le péritoine qui est une espece de sac qui recouvre toutes les parties renfermées dans l’abdomen. On apperçoit sur ce sac ou dans son tissu cellulaire antérieurement les vaisseaux ombilicaux, l’ouraque, la vessie.VoyezOmbilical,Ouraque,&c. Lorsqu’il est ouvert, on voit l’épiploon, les intestins, le mésentere, le ventricule, le foie, la vésicule du fiel, la rate, les reins, le pancréas ; les vésicules séminaires dans l’homme, la matrice, les ligamens, les ovaires, les trompes,&c.dans la femme ; la portion inférieure de l’aorte descendante, la veine cave ascendante, la veine-porte hépatique, la veine-porte ventrale, les arteres cœliaque, mésentérique, supérieure & inférieure, les émulgentes, les hépatiques, les spléniques, les spermatiques,&c.les nerfs stomachiques qui sont des productions de la huitiéme paire, & d’autres du nerf intercostal,&c. V.Épiploon,Intestin,Mesentere,&c.(L)
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ABDUCTEUR
ABDUCTEUR, s. m. pris adject. nom que les Anatomistes donnent à différens muscles destinés à éloigner les parties auxquelles ils sont attachés, du plan que l’on imagine diviser le corps en deux parties égales & symmétriques, ou de quelqu’autre partie avec laquelle ils les comparent.VoyezMuscle. Ce mot vient des mots Latinsab, de, &ducere, mener : les antagonistes des abducteurs sont appellésadducteurs. V.Adducteur&Antagoniste. LesAbducteursdu bras.VoyezSousépineux&Pié. L’Abducteurdu pouce.VoyezThenar. Abducteurdes doigts.VoyezInterosseux. L’Abducteurdu doigt auriculaire ou l’hypothenar, ou le petit hypothenar deM.Winslow, vient de l’os pisi-forme, du gros ligament du carpe, & se termine à la partie interne de la base de la premiere phalange du petit doigt.Anat. Pl. VI. Fig.I. Ω
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ABDUCTION
ABDUCTION, s. f. nom dont se servent les Anatomistes pour exprimer l’action par laquelle lesmuscles abducteurséloignent une partie d’un plan qu’ils supposent diviser le corps humain dans toute sa longueur en deux parties égales & symmétriques, ou de quelqu’autre partie avec laquelle ils les comparent. (L) Abductions. f.en Logiqueest une façon d’argumenter, que les Grecs nommentapogage, où le grand terme est évidemment contenu dans le moyen terme ; mais où le moyen terme n’est pas intimement lié avec le petit terme ; desorte qu’on vous accorde la majeure d’un tel syllogisme, tandis qu’on vous oblige à prouver la mineure, afin de développer davantage la liaison du moyen terme avec le petit terme. Ainsi dans ce syllogisme, Tout ce que Dieu a révélé est très-certain :Or Dieu nous a révélé les Mysteres de la Trinité & de l’Incarnation ;Donc ces Mysteres sont très-certains. la majeure est évidente ; c’est une de ces premieres vérités que l’esprit saisit naturellement, sans avoir besoin de preuve. Mais la mineure ne l’est pas, à moins qu’on ne l’étaye, pour ainsi dire, de quelques autres propositions propres à répandre sur elle leur évidence. (X)
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AB%C3%89ATES
* ABÉATES, s. m. pl. Habitans d’Abée dans le Péloponese ; ceux d’Abée ou Aba dans la Phocide s’appelloientAbantes. VoyezAbantes.
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AB%C3%89E
ABÉE, s. f. Ville du détroit Messenien que Xercès brûla, & qui avoit été bâtie parAbasfils de Lyncée. Abée, s. f. ouverture pratiquée à la baie d’un moulin, par laquelle l’eau tombe sur la grande roue &fait moudre. Cette ouverture s’ouvre & se ferme avec des pales ou lamoirs.
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ABEILLE
ABEILLE, s. f. insecte de l’espece des mouches. Il y en a de trois sortes : la premiere & la plus nombreuse des trois est l’abeille commune :la seconde est moins abondante ; ce sont lesfaux bourdonsoumâles :enfin la troisieme est la plus rare, ce sont lesfemelles. Les abeilles femelles que l’on appellereinesoumeres abeilles, étoient connues des Anciens sous le nom deRois des abeilles, parce qu’autrefois on n’avoit pas distingué leur sexe : mais aujourd’hui il n’est plus équivoque. On les a vû pondre des œufs, & on en trouve aussi en grande quantité dans leur corps. Il n’y a ordinairement qu’uneReinedans une ruche ; ainsi il est très-difficile de la voir : cependant on pourroit la reconnoître assez aisément, parce qu’elle est plus grande que les autres ; sa tête est plus allongée, & ses ailes sont très-courtes par rapport à son corps ; elles n’en couvrent guere que la moitié ; au contraire celles des autres abeilles couvrent le corps en entier. La Reine est plus longue que les mâles : mais elle n’est pas aussi grosse. On a prétendu autrefois qu’elle n’avoit point d’aiguillon : cependant Aristote le connoissoit ; mais il croyoit qu’elle ne s’en servoit jamais. Il est aujourd’hui très-certain que les abeilles femelles ont un aiguillon même plus long que celui des ouvrieres ; cet aiguillon est recourbé. Il faut avoüer qu’elles s’en servent fort rarement, ce n’est qu’après avoir été irritées pendant long-tems : mais alors elles piquent avec leur aiguillon, & la piquûre est accompagnée de venin comme celle des abeilles communes. Il ne paroît pas que la mere abeille ait d’autre emploi dans la ruche que celui de multiplier l’espece, ce qu’elle fait par une ponte fort abondante ; car elle produit dix à douze mille œufs en sept semaines, & communément trente à quarante mille par an. On appelle les abeilles mâlesfaux bourdonspour les distinguer de certaines mouches que l’on connoît sous le nom debourdons. VoyezBourdon. On ne trouve ordinairement des mâles dans les ruches que depuis le commencement ou le milieu du mois de Mai jusques vers la fin du mois de Juillet ; leur nombre se multiplie de jour en jour pendant ce tems, à la fin duquel ils périssent subitement de mort violente, comme on le verra dans la suite. Les mâles sont moins grands que la Reine, & plus grands que les ouvrieres ; ils ont la tête plus ronde, ils ne vivent que de miel, au lieu que les ouvrieres mangent souvent de la cire brute. Dès que l’aurore paroît, celles-ci partent pour aller travailler, les mâles sortent bien plus tard, & c’est seulement pour voltiger autour de la ruche, sans travailler. Ils rentrent avant le serein & la fraîcheur du soir ; ils n’ont ni aiguillon, ni patelles, ni dents saillantes comme les ouvrieres. Leurs dents sont petites, plates & cachées, leur trompe est aussi plus courte & plus déliée : mais leurs yeux sont plus grands & beaucoup plus gros que ceux des ouvrieres : ils couvrent tout le dessus de la partie supérieure de la tête, au lieu que les yeux des autres forment simplement une espece de bourlet de chaque côté. On trouve dans certains tems des faux bourdons qui ont à leur extrémité postérieure deux cornes charnues aussi longues que le tiers ou la moitié de leur corps : il paroît aussi quelquefois entre ces deux cornes un corps charnu qui se recourbe en haut. Si ces parties ne sont pas apparentes au dehors, on peut les faire sortir en pressant le ventre du faux bourdon ; si on l’ouvre, on voit dans des vaisseaux & dans des réservoirs une liqueur laiteuse, qui est vraissemblablement la liqueur séminale. On croit que toutes ces parties sont celles de la génération ; car on ne les trouve pas dans les abeilles meres, ni dans les ouvrieres. L’unique emploi que l’on connoisse aux mâles, est de féconder la Reine ; aussi dès que la ponte est finie, les abeilles ouvrieres les chassent & les tuent. Il y a des abeilles qui n’ont point de sexe. En les disséquant on n’a jamais trouvé dans leurs corps aucune partie qui eût quelque rapport avec celles qui caractérisent les abeilles mâles ou les femelles. On les appellemuletsouabeilles communes, parce qu’elles sont en beaucoup plus grand nombre que celles qui ont un sexe. Il y en a dans une seule ruche jusqu’à quinze ou seize mille, & plus, tandis qu’on n’y trouve quelquefois que deux ou trois cens mâles, quelquefois sept ou huit cens, ou mille au plus. On désigne aussi les abeilles communes par le nom d’ouvrieres, parce qu’elles font tout l’ouvrage qui est nécessaire pour l’entretien de la ruche, soit la récolte du miel & de la cire, soit la construction des alvéoles ; elles soignent les petites abeilles ; enfin elles tiennent la ruche propre, & elles écartent tous les animaux étrangers qui pourroient être nuisibles. La tête des abeilles communes est triangulaire ; la pointe du triangle est formée par la rencontre de deux dents posées horisontalement l’une à côté de l’autre, longues, saillantes & mobiles. Ces dents servent à la construction des alvéoles : aussi sont-elles plus fortes dans les abeilles ouvrieres que dans les autres. Si on écarte ces deux dents, on voit qu’elles sont comme des especes de cuillieres dont la concavité est en-dedans. Les abeilles ont quatre ailes, deux grandes & deux petites ; en les levant, on trouve de chaque côté auprès de l’origine de l’aile de dessous en tirant vers l’estomac, une ouverture ressemblante à une bouche ; c’est l’ouverture de l’un des poumons : il y en a une autre sous chacune des premieres jambes, desorte qu’il y a quatre ouvertures sur le corcelet (V.Corcelet) & douze autres de part & d’autre sur les six anneaux qui composent le corps : ces ouvertures sont nomméesstigmates. VoyezStigmates. L’air entre par ces stigmates, & circule dans le corps par le moyen d’un grand nombre de petits canaux ; enfin il en sort par les pores de la peau. Si on tiraille un peu la tête de l’abeille, on voit qu’elle ne tient à la poitrine ou corcelet que par un cou très court, & le corcelet ne tient au corps que par un filet très-mince. Le corps est couvert en entier par six grandes pieces écailleuses, qui portent en recouvrement l’une sur l’autre, & forment six anneaux qui laissent au corps toute sa souplesse. On appelleantennes(VoyezAntennes) ces especes de cornes mobiles & articulées qui sont sur la tête, une de chaque côté ; les antennes des mâles n’ont que onze articulations, celles des autres en ont quinze. L’abeille a six jambes placées deux à deux en trois rangs ; chaque jambe est garnie à l’extrémité de deux grands ongles & de deux petits, entre lesquels il y a une partie molle & charnue. La jambe est composée de cinq pieces, les deux premieres sont garnies de poils ; la quatrieme piece de la seconde & de la troisieme paire est appelléela brosse: cette partie est quarrée, sa face extérieure est rase & lisse, l’intérieure est plus chargée de poils que nos brosses ne le sont ordinairement, & ces poils sont disposés de la même façon. C’est avec ces sortes de brosses que l’abeille ramasse les poussieres des étamines qui tombent sur son corps, lorsqu’elle est sur une fleur pour faire la récolte de la cire.VoyezCire. Elle en fait de petites pelotes qu’elle transporte à l’aide de ses jambes sur la palette qui est la troisieme partie des jambes de la troisieme paire. Les jambes de devant transportent à celles du milieu ces petites masses ; celles-ci les placent & les empilent sur la palette des jambes de derriere. Cette manœuvre se fait avec tant d’agilité & de promptitude, qu’il est impossible d’en distinguer les mouvemens lorsque l’abeille est vigoureuse. Pour bien distinguer cette manœuvre de l’abeille, il faut l’observer lorsqu’elle est affoiblie & engourdie par la rigueur d’une mauvaise saison. Les palettes sont de figure triangulaire ; leur face extérieure est lisse & luisante, des poils s’élevent au-dessus des bords ; comme ils sont droits, roides & serrés, & qu’ils l’environnent, ils forment avec cette surface une espece de corbeille : c’est-là que l’abeille dépose, à l’aide de ses pattes, les petites pelotes qu’elle a formées avec les brosses ; plusieurs pelotes réunies sur la palette font une masse qui est quelquefois aussi grosse qu’un grain de poivre. La trompe de l’abeille est une partie qui se développe & qui se replie. Lorsqu’elle est dépliée, on la voit descendre du dessous des deux grosses dents saillantes qui sont à l’extrémité de la tête. La trompe paroît dans cet état comme une lame assez épaisse, très-luisante & de couleur châtain. Cette lame est appliquée contre le dessous de la tête : mais on n’en voit alors qu’une moitié qui est repliée sur l’autre ; lorsque l’abeille la déplie, l’extrémité qui est du côté des dents s’éleve, & on apperçoit alors celle qui étoit dessous. On découvre aussi par ce déplacement la bouche & la langue de l’abeille qui sont au-dessus des deux dents. Lorsque la trompe est repliée, on ne voit que les étuis qui la renferment. Pour développer & pour examiner cet organe, il faudroit entrer dans un grand détail. Il suffira de dire ici que c’est par le moyen de cet organe que les abeilles recueillent le miel ; elles plongent leur trompe dans la liqueur miellée pour la faire passer sur la surface extérieure. Cette surface de la trompe forme avec les étuis un canal par lequel le miel est conduit : mais c’est la trompe seule qui étant un corps musculeux, force par ses différentes inflexions & mouvemens vermiculaires la liqueur d’aller en avant, & qui la pousse vers le gosier. Les abeilles ouvrieres ont deux estomacs ; l’un reçoit le miel, & l’autre la cire : celui du miel a un cou qui tient lieu d’œsophage, par lequel passe la liqueur que la trompe y conduit, & qui doit s’y changer en miel parfait : l’estomac où la cire brute se change en vraie cire, est au-dessous de celui du miel.VoyezCire,Miel. L’aiguillon est caché dans l’état de repos ; pour le faire sortir, il faut presser l’extrémité du corps de l’abeille. On le voit paroître accompagné de deux corps blancs qui forment ensemble une espece de boîte, dans laquelle il est logé lorsqu’il est dans le corps. Cet aiguillon est semblable à un petit dard qui, quoique très-délié, est cependant creux d’un bout à l’autre. Lorsqu’on le comprime vers la base, on fait monter à la pointe une petite goute d’une liqueur extrèmement transparente ; c’est-là ce qui envenime les plaies que fait l’aiguillon. On peut faire une équivoque par rapport à l’aiguillon comme par rapport à la trompe, ce qui paroît être l’aiguillon n’en est que l’étui ; c’est par l’extrémité de cet étui que l’aiguillon sort, & qu’il est dardé en même tems que la liqueur empoisonnée. De plus cet aiguillon est double ; il y en a deux à côté qui jouent en même tems, ou séparément au gré de l’abeille ; ils sont de matiere de corne ou d’écaille, leur extrémité est taillée en scie, les dents sont inclinées de chaque côté, de sorte que les pointes sont dirigées vers la base de l’aiguillon, ce qui fait qu’il ne peut sortir de la plaie sans la déchirer ; ainsi il faut que l’abeille le retire avec force. Si elle fait ce mouvement avec trop de promptitude, l’aiguillon casse & il reste dans la plaie ; & en se séparant du corps de l’abeille, il arrache la vessie qui contient le venin, & qui est posée au-dedans à la base de l’aiguillon. Une partie des entrailles sort en même tems, ainsi cette séparation de l’aiguillon est mortelle pour la mouche. L’aiguillon qui reste dans la plaie a encore du mouvement quoique séparé du corps de l’abeille ; il s’incline alternativement dans des sens contraires, & il s’enfonce de plus en plus. La liqueur qui coule dans l’étui de l’aiguillon est un véritable venin, qui cause la douleur que l’on éprouve lorsqu’on a été piqué par une abeille. Si on goûte de ce venin, on le sent d’abord douçâtre : mais il devient bien-tôt acre & brûlant ; plus l’abeille est vigoureuse, plus la douleur de la piquûre est grande. On sait que dans l’hyver on en souffre moins que dans l’été, toutes choses égales de la part de l’abeille : il y a des gens qui sont plus ou moins sensibles à cette piquûre que d’autres. Si l’abeille pique pour la seconde fois, elle fait moins de mal qu’à la premiere fois, encore moins à une troisieme ; enfin le venin s’épuise, & alors l’abeille ne se fait presque plus sentir. On a toûjours cru qu’un certain nombre de piquûres faites à la fois sur le corps d’un animal pourroient le faire mourir ; le fait a été confirmé plusieurs fois ; on a même voulu déterminer le nombre de piquûres qui seroit nécessaire pour faire mourir un grand animal ; on a aussi cherché le remede qui détruiroit ce venin : mais on a trouvé seulement le moyen d’appaiser les douleurs en frottant l’endroit blessé avec de l’huile d’olive, ou en y appliquant du persil pilé. Quoi qu’il en soit du remede, il ne faut jamais manquer en pareil cas de retirer l’aiguillon, s’il est resté dans la plaie comme il arrive presque toûjours. Au reste la crainte des piquûres ne doit pas empêcher que l’on approche des ruches : les abeilles ne piquent point lorsqu’on ne les irrite pas ; on peut impunément les laisser promener sur sa main ou sur son visage, elles s’en vont d’elles-mêmes sans faire de mal : au contraire si on les chasse, elles piquent pour se défendre. Pour suivre un ordre dans l’histoire succincte des abeilles que l’on va faire ici, il faut la commencer dans le tems où la mere abeille est fécondée. Elle peut l’être dès le quatrieme ou cinquieme jour après celui où elle est sortie de l’état de nymphe pour entrer dans celui de mouche, comme on le dira dans la suite. Il seroit presque impossible de voir dans la ruche l’accouplement des abeilles, parce que la reine reste presque toûjours dans le milieu où elle est cachée par les gâteaux de cire, & par les abeilles qui l’environnent. On a tiré de la ruche des abeilles meres, & on les a mises avec des mâles dans des bocaux pour voir ce qui s’y passeroit. On est obligé pour avoir une mere abeille de plonger une ruche dans l’eau, & de noyer à demi toutes les abeilles, ou de les enfumer, afin de pouvoir les examiner chacune séparément pour reconnoître la mere. Lorsqu’elle est revenue de cet état violent, elle ne reprend pas d’abord assez de vivacité pour être bien disposée à l’accouplement. Ce n’est donc que par des hasards que l’on en peut trouver qui fassent réussir l’expérience ; il faut d’ailleurs que cette mere soit jeune ; de plus il faut éviter le tems où elle est dans le plus fort de la ponte. Dès qu’on présente un mâle à une mere abeille bien choisie, aussitôt elle s’en approche, le lêche avec sa trompe, & lui présente du miel : elle le touche avec ses pattes, tourne autour de lui, se place vis-à-vis, lui brosse la tête avec ses jambes,&c.Le mâle reste quelquefois immobile pendant un quart-d’heure ; & enfin il fait à peu près les mêmes choses que la femelle ; celle-ci s’anime alors davantage. On l’a vûe monter sur le corps du mâle ; elle recourba l’extrémité du sien, pour l’appliquer contre l’extrémité de celui du mâle, qui faisoit sortir les deux cornes charnues & la partie recourbée en arc. Supposé que cette partie soit, comme on le croit, celle qui operel’accouplement, il faut nécessairement que l’abeille femelle soit placée sur le mâle pour la rencontrer, parce qu’elle est recourbée en haut ; c’est ce qu’on a observé pendant trois ou quatre heures. Il y eut plusieurs accouplemens, après quoi le mâle resta immobile, la femelle lui mordit le corcelet, & le soûleva en faisant passer sa tête sous le corps du mâle ; mais ce fut en vain, car il étoit mort. On présenta un autre mâle : mais la mere abeille ne s’en occupa point du tout, & continua pendant tout le reste du jour de faire différens efforts pour tâcher de ranimer le premier. Le lendemain elle monta de nouveau sur le corps du premier mâle, & se recourba de la même façon que la veille, pour appliquer l’extrémité de son corps contre celui du mâle. L’accouplement des abeilles ne consiste-t-il que dans cette jonction qui ne dure qu’un instant ? On présume que c’est la mere abeille qui attaque le mâle avec qui elle veut s’accoupler ; si c’étoit au contraire les mâles qui attaquassent cette femelle, ils seroient quelquefois mille mâles pour une femelle. Le tems de la fécondation doit être nécessairement celui où il y a des mâles dans la ruche ; il dure environ six semaines prises dans les mois de Mai & de Juin ; c’est aussi dans ce même tems que les essains quittent les ruches. Les reines qui sortent sont fécondées ; car on a observé des essains entiers dans lesquels il ne se trouvoit aucun mâle, par conséquent la reine n’auroit pû être fécondée avant la ponte qu’elle fait : aussi-tôt que l’essain est fixé quelque part, vingt-quatre heures après on trouve des œufs dans les gâteaux. Après l’accouplement, il se forme des œufs dans la matrice de la mere abeille ; cette matrice est divisée en deux branches, dont chacune est terminée par plusieurs filets : chaque filet est creux ; c’est une sorte de vaisseau qui renferme plusieurs œufs disposés à quelque distance les uns des autres dans toute sa longueur. Ces œufs sont d’abord fort petits, ils tombent successivement dans les branches de la matrice, & passent dans le corps de ce viscere pour sortir au-dehors ; il y a un corps sphérique posé sur la matrice ; on croit qu’il en degoutte une liqueur visqueuse qui enduit les œufs, & qui les colle au fond des alvéoles, lorsqu’ils y sont déposés dans le tems de la ponte. On a estimé que chaque extrémité des branches de la matrice est composée de plus de 150 vaisseaux, & que chacun peut contenir dix-sept œufs sensibles à l’œil, par conséquent une mere abeille prête à pondre a cinq mille œufs visibles. Le nombre de ceux qui ne sont pas encore visibles, & qui doivent grossir pendant la ponte, doit être beaucoup plus grand ; ainsi il est aisé de concevoir comment une mere abeille peut pondre dix à douze mille œufs, & plus, en sept ou huit semaines. Les abeilles ouvrieres ont un instinct singulier pour prévoir le tems auquel la mere abeille doit faire la ponte, & le nombre d’œufs qu’elle doit déposer ; lorsqu’il surpasse celui des alvéoles qui sont faits, elles en ébauchent de nouveaux pour fournir au besoin pressant ; elles semblent connoître que les œufs des abeilles ouvrieres sortiront les premiers, & qu’il y en aura plusieurs milliers ; qu’il viendra ensuite plusieurs centaines d’œufs qui produiront des mâles ; & qu’enfin la ponte finira par trois ou quatre, & quelquefois par plus de quinze ou vingt œufs d’où sortiront les femelles. Comme ces trois sortes d’abeilles sont de différentes grosseurs, elles y proportionnent la grandeur des alvéoles. Il est aisé de distinguer à l’œil ceux des reines, & que l’on a appellé pour cette raisonalvéoles royaux; ils sont les plus grands. Ceux des faux bourdons sont plus petits que ceux des reines, mais plus grands que ceux des mulets ou abeilles ouvrieres. La mere abeille distingue parfaitement ces différens alvéoles ; lorsqu’elle fait sa ponte, elle arrive environnée de dix ou douze abeilles ouvrieres, plus ou moins, qui semblent la conduire & la soigner ; les unes lui présentent du miel avec leur trompe, les autres la lêchent & la brossent. Elle entre d’abord dans un alvéole la tête la premiere, & elle y reste pendant quelques instans ; ensuite elle en sort, & y rentre à reculons ; la ponte est faite dans un moment. Elle en fait cinq ou six de suite, après quoi elle se repose avant que de continuer. Quelquefois elle passe devant un alvéole vuide sans s’y arrêter. Le tems de la ponte est fort long ; car c’est presque toute l’année, excepté l’hyver. Le fort de cette ponte est au printems ; on a calculé que dans les mois de Mars & de Mai, la mere abeille doit pondre environ douze mille œufs, ce qui fait environ deux cens œufs par jour : ces douze mille œufs forment en partie l’essain qui sort à la fin de Mai ou au mois de Juin, & remplacent les anciennes mouches qui font partie de l’essain ; car après sa sortie, la ruche n’est pas moins peuplée qu’au commencement de Mars. Les œufs des abeilles ont six fois plus de longueur que de diametre ; ils sont courbes, l’une de leurs extrémités est plus petite que l’autre : elles sont arrondies toutes les deux. Ces œufs sont d’une couleur blanche tirant sur le bleu ; ils sont revêtus d’une membrane flexible, desorte qu’on peut les plier, & cela se peut faire sans nuire à l’embrion. Chaque œuf est logé séparément dans un alvéole, & placé de façon à faire connoître qu’il est sorti du corps de la mere par le petit bout ; car cette extrémité est collée au fond de l’alvéole. Lorsque la mere ne trouve pas un assez grand nombre de cellules pour tous les œufs qui sont prêts à sortir, elle en met deux ou trois, & même quatre dans un seul alvéole ; ils ne doivent pas y rester ; car un seul ver doit remplir dans la suite l’alvéole en entier. On a vû les abeilles ouvrieres retirer tous les œufs surnuméraires : mais on ne sçait pas si elles les replacent dans d’autres alvéoles ; on ne croit pas qu’il se trouve dans aucune circonstance plusieurs œufs dans les cellules royales. La chaleur de la ruche suffit pour faire éclorre les œufs, souvent elle surpasse de deux degrés celle de nos étés les plus chauds : en deux ou trois jours l’œuf est éclos ; il en sort un ver qui tombe dans l’alvéole. Dès qu’il a pris un peu d’accroissement, il se roule en cercle ; il est blanc, charnu, & sa tête ressemble à celle des vers à soie ; le ver est posé de façon qu’en se tournant, il trouve une sorte de gelée ou de bouillie qui est au fond de l’alvéole, & qui lui sert de nourriture. On voit des abeilles ouvrieres qui visitent plusieurs fois chaque jour les alvéoles où sont les vers : elles y entrent la tête la premiere, & y restent quelque tems. On n’a jamais pû voir ce qu’elles y faisoient : mais il est à croire qu’elles renouvellent la bouillie dont le ver se nourrit. Il vient d’autres abeilles qui ne s’arrêtent qu’un instant à l’entrée de l’alvéole comme pour voir s’il ne manque rien au ver. Avant que d’entrer dans une cellule, elles passent successivement devant plusieurs ; elles ont un soin continuel de tous les vers qui viennent de la ponte de leur reine : mais si on apporte dans la ruche des gâteaux dans lesquels il y auroit des vers d’une autre ruche, elles les laissent périr, & même elles les entraînent dehors. Chacun des vers qui est né dans la ruche n’a que la quantité de nourriture qui lui est nécessaire, excepté ceux qui doivent être changés en reines ; il reste du superflu dans les alvéoles de ceux-ci. La quantité de la nourriture est proportionnée à l’âge du ver ; lorsqu’ils sont jeunes, c’est une bouillie blanchâtre, insipide comme de la colle de farine. Dans un âge plus avancé, c’est une gelée jaunâtre ou verdâtre qui a un goût de sucre oude miel ; enfin lorsqu’ils ont pris tout leur accroissement, la nourriture a un goût de sucre mêlé d’acide. On croit que cette matiere est composée de miel & de cire que l’abeille a plus ou moins digérés, & qu’elle peut rendre par la bouche lorsqu’il lui plaît. Il ne sort du corps des vers aucun excrément : aussi ont-ils pris tout leur accroissement en cinq ou six jours. Lorsqu’un ver est parvenu à ce point, les abeilles ouvrieres ferment son alvéole avec de la cire ; le couvercle est plat pour ceux dont il doit sortir des abeilles ouvrieres, & convexe pour ceux des faux bourdons. Lorsque l’alvéole est fermé, le ver tapisse l’intérieur de sa cellule avec une toile de soie : il tire cette soie de son corps au moyen d’une filiere pareille à celle des vers à soie, qu’il a au-dessous de la bouche. La toile de soie est tissue de fils qui sont très-proches les uns des autres, & qui se croisent ; elle est appliquée exactement contre les parois de l’alvéole. On en trouve où il y a jusqu’à vingt toiles les unes sur les autres ; c’est parce que le même alvéole a servi successivement à vingt vers, qui y ont appliqué chacun une toile ; car lorsque les abeilles ouvrieres nettoyent une cellule où un ver s’est métamorphosé, elles enlevent toutes les dépouilles de la nymphe sans toucher à la toile de soie. On a remarqué que les cellules d’où sortent les reines ne servent jamais deux fois ; les abeilles les détruisent pour en bâtir d’autres sur leurs fondemens. Le ver après avoir tapissé de soie son alvéole, quitte sa peau de ver ; & à la place de sa premiere peau, il s’en trouve une bien plus fine : c’est ainsi qu’il se change en nymphe.VoyezNymphe. Cette nymphe est blanche dans les premiers jours ; ensuite ses yeux deviennent rougeâtres, il paroît des poils ; enfin après environ quinze jours, c’est une mouche bien formée, & recouverte d’une peau qu’elle perce pour paroître au jour. Mais cette opération est fort laborieuse pour celles qui n’ont pas de force, comme il arrive dans les tems froids. Il y en a qui périssent après avoir passé la tête hors de l’enveloppe, sans pouvoir en sortir. Les abeilles ouvrieres qui avoient tant de soin pour nourrir le ver, ne donnent aucun secours à ces petites abeilles lorsqu’elles sont dans leurs enveloppes : mais dès qu’elles sont parvenues à en sortir, elles accourent pour leur rendre tous les services dont elles ont besoin. Elles leur donnent du miel, les lêchent avec leurs trompes & les essuient, car ces petites abeilles sont mouillées, lorsqu’elles sortent de leur enveloppe ; elles se sechent bien-tôt ; elles déploient les ailes ; elles marchent pendant quelque tems sur les gâteaux ; enfin elles sortent au-dehors, s’envolent ; & dès le premier jour elles rapportent dans la ruche du miel & de la cire. Les abeilles se nourrissent de miel & de cire brute ; on croit que le mêlange de ces deux matieres est nécessaire pour que leurs digestions soient bonnes ; on croit aussi que ces insectes sont attaqués d’une maladie qu’on appellele dévoiement, lorsqu’ils sont obligés de vivre de miel seulement. Dans l’état naturel, il n’arrive pas que les excrémens des abeilles qui sont toujours liquides, tombent sur d’autres abeilles, ce qui leur feroit un très-grand mal ; dans le dévoiement, ce mal arrive parce que les abeilles n’ayant pas assez de force pour se mettre dans une position convenable les unes par rapport aux autres, celles qui sont au-dessus laissent tomber sur celles qui sont au-dessous une matiere qui gâte leurs ailes, qui bouche les organes de la respiration, & qui les fait périr. Voilà la seule maladie des abeilles qui soit bien connue ; on peut y remédier en mettant dans la ruche où sont les malades, un gâteau que l’on tire d’une autre ruche, & dont les alvéoles sont remplis de cire brute : c’est l’aliment dont la disette a causé la maladie ; on pourroit aussi y suppléer par une composition ; celle qui a paru la meilleure se fait avec une demi-livre de sucre, autant de bon miel, une chopine de vin rouge, & environ un quarteron de fine farine de féve. Les abeilles courent risque de se noyer en bûvant dans des ruisseaux ou dans des réservoirs dont les bords sont escarpés. Pour prévenir cet inconvénient, il est à propos de leur donner de l’eau dans des assiettes autour de leur ruche. On peut reconnoître les jeunes abeilles & les vieilles par leur couleur. Les premieres ont les anneaux bruns & les poils blancs ; les vieilles ont au contraire les poils roux & les anneaux d’une couleur moins brune que les jeunes. Celles-ci ont les ailes saines & entieres ; dans un âge plus avancé, les ailes se frangent & se déchiquetent à force de servir. On n’a pas encore pû savoir quelle étoit la durée de la vie des abeilles : quelques Auteurs ont prétendu qu’elles vivoient dix ans, d’autres sept ; d’autres enfin ont rapproché de beaucoup le terme de leur mort naturelle, en le fixant à la fin de la premiere année : c’est peut-être l’opinion la mieux fondée ; il seroit difficile d’en avoir la preuve ; car on ne pourroit pas garder une abeille séparément des autres : ces insectes ne peuvent vivre qu’en société. Après avoir suivi les abeilles dans leurs différens âges, il faut rapporter les faits les plus remarquables dans l’espece de société qu’elles composent. Une ruche ne peut subsister, s’il n’y a une abeille mere ; & s’il s’en trouve plusieurs, les abeilles ouvrieres tuent les surnuméraires. Jusqu’à ce que cette exécution soit faite, elles ne travaillent point, tout est en desordre dans la ruche. On trouve communément des ruches qui ont jusqu’à seize ou dix-huit mille habitans ; ces insectes travaillent assidûment tant que la température de l’air le leur permet. Elles sortent de la ruche dès que l’aurore paroît ; au printems, dans les mois d’Avril & de Mai, il n’y a aucune interruption dans leurs courses depuis quatre heures du matin jusqu’à huit heures du soir ; on en voit à tout instant sortir de la ruche & y rentrer chargées de butin. On a compté qu’il en sortoit jusqu’à cent par minute, & qu’une seule abeille pouvoit faire cinq, & même jusqu’à sept voyages en un jour. Dans les mois de Juillet & d’Août, elles rentrent ordinairement dans la ruche pour y passer le milieu du jour ; on ne croit pas qu’elles craignent pour elles-mêmes la grande chaleur, c’est plûtôt parce que l’ardeur du Soleil ayant desséché les étamines des fleurs, il leur est plus difficile de les pelotonner ensemble pour les transporter ; aussi celles qui rencontrent des plantes aquatiques qui sont humides, travaillent à toute heure. Il y a des tems critiques où elles tâchent de surmonter tout obstacle, c’est lorsqu’un essain s’est fixé dans un nouveau gîte ; alors il faut nécessairement construire des gâteaux ; pour cela, elles travaillent continuellement ; elles iroient jusqu’à une lieue pour avoir une seule pelotte de cire. Cependant la pluie & l’orage sont insurmontables ; dès qu’un nuage paroît l’annoncer, on voit les abeilles se rassembler de tous côtés, & rentrer avec promptitude dans la ruche. Celles qui rapportent du miel ne vont pas toûjours le déposer dans les alvéoles ; elles le distribuent souvent en chemin à d’autres abeilles qu’elles rencontrent ; elles en donnent aussi à celles qui travaillent dans la ruche, & même il s’en trouve qui le leur enlevent de force. Les abeilles qui recueillent la cire brute, l’avalent quelquefois pour lui faire prendre dans leur estomac la qualité de vraie cire : mais le plus souvent elles la rapportent en pelotes, & la remettent à d’autres ouvrieres qui l’avalent pour la préparer ; enfin la cire brute est aussi déposée dans les alvéoles.L’abeille qui arrive chargée entre dans un alvéole, détache avec l’extrémité de ses jambes du milieu les deux pelotes qui tiennent aux jambes de derriere, & les fait tomber au fond de l’alvéole. Si cette mouche quitte alors l’alvéole, il en vient une autre qui met les deux pelottes en une seule masse qu’elle étend au fond de la cellule ; peu-à-peu elle est remplie de cire brute que les abeilles pétrissent de la même façon, & qu’elles détrempent avec du miel. Quelque laborieuses que soient les abeilles, elles ne peuvent pas être toûjours en mouvement ; il faut bien qu’elles prennent du repos pour se délasser : pendant l’hyver, ce repos est forcé ; le froid les engourdit, & les met dans l’inaction ; alors elles s’accrochent les unes aux autres par les pattes, & se suspendent en forme de guirlande. Les abeilles ouvrieres semblent respecter la mere abeille, & les abeilles mâles seulement, parce qu’elles sont nécessaires pour la multiplication de l’espece. Elles suivent la reine, parce que c’est d’elle que sortent les œufs : mais elles n’en reconnoissent qu’une, & elles tuent les autres ; une seule produit une assez grande quantité d’œufs. Elles fournissent des alimens aux faux bourdons pendant tout le tems qu’ils sont nécessaires pour féconder la reine : mais dès qu’elle cesse de s’en approcher, ce qui arrive dans le mois de Juin, dans le mois de Juillet, ou dans le mois d’Août, les abeilles ouvrieres les tuent à coup d’aiguillon, & les entraînent hors de la ruche : elles sont quelquefois deux, trois, ou quatre ensemble pour se défaire d’un faux bourdon. En même tems elles détruisent tous les œufs & tous les vers dont il doit sortir des faux bourdons ; la mere abeille en produira dans sa ponte un assez grand nombre pour une autre génération. Les abeilles ouvrieres tournent aussi leur aiguillon contre leurs pareilles ; & toutes les fois qu’elles se battent deux ensemble, il en coûte la vie à l’une, & souvent à toutes les deux, lorsque celle qui a porté le coup mortel ne peut pas retirer son aiguillon ; il y a aussi des combats généraux dont on parlera au motEssain. Les abeilles ouvrieres se servent encore de leur aiguillon contre tous les animaux qui entrent dans leur ruche, comme des limaces, des limaçons, des scarabés,&c.Elles les tuent & les entraînent dehors. Si le fardeau est au-dessus de leur force, elles ont un moyen d’empêcher que la mauvaise odeur de l’animal ne les incommode ; elles l’enduisent de propolis, qui est une résine qu’elles emploient pour espalmer la ruche.VoyezPropolis. Les guêpes & les frélons tuent les abeilles, & leur ouvrent le ventre pour tirer le miel qui est dans leurs entrailles ; elles pourroient se défendre contre ces insectes, s’ils ne les attaquoient par surprise : mais il leur est impossible de résister aux moineaux qui en mangent une grande quantité, lorsqu’ils sont dans le voisinage des ruches.VoyezMousset, Swammerdam,les Mémoires deM. Maraldidans le Recueil de l’Académie Royale des Sciences, & le cinquieme Volume des Mémoires pour servir à l’histoire des Insectes, parM. de Reaumur, dont cet abrégé a été tiré en grande partie.VoyezAlvéole,Essain,Gateau,Propolis,Ruche,Insecte. Il y a plusieurs especes d’abeilles différentes de celles qui produisent le miel & la cire ; l’une des principales especes, beaucoup plus grosse que les abeilles, est connue sous le nom debourdon. VoyezBourdon. Les abeilles que l’on appelleperce-boissont presque aussi grosses que les bourdons ; leur corps est applati & presque ras : elles sont d’un beau noir luisant, à l’exception des ailes dont la couleur est violette. On les voit dans les jardins dès le commencement du printems, & on entend de loin le bruit qu’elles font en volant : elles pratiquent leur nid dans des morceaux de bois sec qui commencent à se pourrir ; elles y percent des trous avec leurs dents ; d’où vient leur nom de perce-bois. Ces trous ont douze à quinze pouces de longueur, & sont assez larges pour qu’elles puissent y passer librement. Elles divisent chaque trou en plusieurs cellules de sept ou huit lignes de longueur ; elles sont séparées les unes des autres par une cloison faite avec de la sciûre de bois & une espece de colle. Avant que de fermer la premiere piece, l’abeille y dépose un œuf, & elle y met une pâtée composée d’étamines de fleurs, humectée de miel, qui sert de nourriture au ver lorsqu’il est éclos : la premiere cellule étant fermée, elle fait les mêmes choses dans la seconde, & successivement dans toutes les autres. Le ver se métamorphose dans la suite en nymphe, & il sort de cette nymphe une mouche qui va faire d’autres trous, & pondre de nouveaux œufs, si c’est une femelle. Une autre espece d’abeille construit son nid avec une sorte de mortier. Les femelles sont aussi noires que les abeilles perce-bois & plus velues ; on voit seulement un peu de couleur jaunâtre en-dessous à leur partie postérieure : elles ont un aiguillon pareil à celui des mouches à miel ; les mâles n’en ont point, ils sont de couleur fauve ou rousse. Les femelles construisent seules les nids, sans que les mâles y travaillent : ces nids n’ont que l’apparence d’un morceau de terre gros comme la moitié d’un œuf, collé contre un mur ; ils sont à l’exposition du Midi. Si on détache ce nid, on voit dans son intérieur environ huit ou dix cavités dans lesquelles on trouve, ou des vers & de la pâtée, ou des nymphes, ou des mouches. Cette abeille transporte entre ses dents une petite pelote composée de sable, de terre, & d’une liqueur gluante qui lie le tout ensemble, & elle applique & façonne avec ses dents la charge de mortier qu’elle a apportée pour la construction du nid. Elle commence par faire une cellule à laquelle elle donne la figure d’un petit dé à coudre ; elle la remplit de pâtée, & elle y dépose un œuf & ensuite elle la ferme. Elle fait ainsi successivement, & dans différentes directions sept ou huit cellules qui doivent composer le nid en entier ; enfin elle remplit avec un mortier grossier les vuides que les cellules laissent entr’elles, & elle enduit le tout d’une couche fort épaisse. Il y a d’autres abeilles qui font des nids sous terre ; elles sont presque aussi grosses que des mouches à miel ; leur nid est cylindrique à l’extérieur, & arrondi aux deux bouts : il est posé horisontalement & recouvert de terre de l’épaisseur de plusieurs pouces, soit dans un jardin, soit en plein champ, quelquefois dans la crête d’un sillon. La mouche commence d’abord par creuser un trou propre à recevoir ce cylindre ; ensuite elle le forme avec des feuilles découpées : cette premiere couche de feuilles n’est qu’une enveloppe qui doit être commune à cinq ou six petites cellules faites avec des feuilles comme la premiere enveloppe. Chaque cellule est aussi cylindrique & arrondie par l’un des bouts ; l’abeille découpe des feuilles en demi-ovale : chaque piece est la moitié d’un ovale coupé sur son petit diametre. Si on faisoit entrer trois pieces de cette figure dans un dé à coudre pour couvrir ses parois intérieures, de façon que chaque piece anticipât un peu sur la piece voisine, on feroit ce que fait l’abeille dont nous parlons. Pour construire une petite cellule dans l’enveloppe commune, elle double & triple les feuilles pour rendre la petite cellule plus solide, & elle les joint ensemble, de façon que la pâtée qu’elle y dépose avec l’œuf ne puisse couler au-dehors. L’ouverture de la cellule est aussi fermée par des feuilles découpées en rond qui joignent exactement les bords de la cellule. Il y a trois feuilles l’une sur l’autre pour faire cecouvercle. Cette premiere cellule étant placée à l’un des bouts de l’enveloppe cylindrique, de façon que son bout arrondi touche les parois intérieures du bout arrondi de l’enveloppe ; la mouche fait une seconde cellule située de la même façon, & ensuite d’autres jusqu’au bout de l’enveloppe. Chacune a environ six lignes de longueur sur trois lignes de diametre, & renferme de la pâtée & un ver qui, après avoir passé par l’état de nymphe, devient une abeille. Il y en a de plusieurs especes : chacune n’emploie que la feuille d’une même plante ; les unes celles de rosier, d’autres celles du maronnier, de l’orme : d’autres abeilles construisent leurs nids à peu près de la même façon, mais avec des matériaux différens ; c’est une matiere analogue à la soie, & qui sort de leur bouche. Il y a des abeilles qui font seulement un trou en terre ; elles déposent un œuf avec la pâtée qui sert d’aliment au ver, & elles remplissent ensuite le reste du trou avec de la terre. Il y en a d’autres qui, après avoir creusé en terre des trous d’environ trois pouces de profondeur, les revêtissent avec des feuilles de coquelicot : elles les découpent & les appliquent exactement sur les parois du trou : elles mettent au moins deux feuilles l’une sur l’autre. C’est sur cette couche de fleurs que la mouche dépose un œuf & la pâtée du ver ; & comme cela ne suffit pas pour remplir toute la partie du trou qui est revêtue de fleurs, elle renverse la partie de la tenture qui déborde, & en fait une couverture pour la pâtée & pour l’œuf, ensuite elle remplit le reste du trou avec de la terre. On trouvera l’Histoire de toutes ces mouches dans le sixieme Volume desMémoires pour servir à l’Histoire des Insectes, parM. de Reaumur, dont cet abregé a été tiré.VoyezMouche,Insecte. (I) Abeilles, (Myth.) passerent pour les nourrices de Jupiter sur ce qu’on en trouva des ruches dans l’antre de Dicté, où Jupiter avoit été nourri.
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ABEL
* ABEL, s. petite ville des Ammonites que Joseph fait de la demi-Tribu de Manassès, au de-là du Jourdain, dans le pays qu’on appella depuisla Trachonite.
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ABELIENS,_ABELONIENS_et_ABELOITES
ABELIENS, ABELONIENS&ABELOITES, s. m. pl. sorte d’hérétiques en Afrique proche d’Hippone, dont l’opinion & la pratique distinctive étoit de se marier, & cependant de faire profession de s’abstenir de leurs femmes, & de n’avoir aucun commerce charnel avec elles. Ces hérétiques peu considérables par eux-mêmes, (car ils étoient confinés dans une petite étendue de pays, & ne subsisterent pas long-tems) sont devenus fameux par les peines extraordinaires que les Savans se sont données pour découvrir le principe sur lequel ils se fondoient & la raison de leur dénomination. Il y en a qui pensent qu’ils se fondoient sur ce texte de S. Paul, I. Cor. VII. 29.Reliquum est ut & qui habent uxores, tanquam non habentes sint. Un Auteur qui a écrit depuis peu prétend qu’ils régloient leurs mariages sur le pié du Paradis Terrestre ; alléguant pour raison qu’il n’y avoit point eu d’autre union entre Adam & Eve dans le Paradis Terrestre que celle des cœurs. Il ajoûte qu’ils avoient encore en vûe l’exemple d’Abel, qu’ils soûtenoient avoir été marié, mais n’avoir jamais connu sa femme, & que c’est de lui qu’ils prirent leur nom. Bochart observe qu’il couroit une tradition dans l’Orient, qu’Adam conçut de la mort d’Abel un si grand chagrin qu’il demeura cent trente ans sans avoir de commerce avec Eve. C’étoit, comme il le montre, le sentiment des Docteurs Juifs ; d’où cette fable fut transmise aux Arabes ; & c’est de-là, selon Giggeus, que חאבלThabalaen Arabe, est venu à signifiers’abstenir de sa femme. Bochart en a conclu qu’il est très-probable que cette histoire pénétra jusqu’en Afrique, & donna naissance à la secte & au nom des Abéliens. Il est vrai que les Rabbins ont cru qu’Adam après la mort d’Abel, demeura long-tems sans user du mariage, & même jusqu’au tems qu’il engendra Seth. Mais d’assûrer que cet intervalle fut de cent trente ans, c’est une erreur manifeste & contraire à leur propre chronologie, qui place la naissance de Seth à la cent trentieme année du Monde, ou de la vie d’Adam, comme on peut le voir dans les deux ouvrages des Juifs intitulésSeder Olam. Abarbanel dit que ce fut cent trente ans après la chûte d’Adam, ce qui est conforme à l’opinion d’autres Rabbins, que Caïn & Abel furent conçûs immédiatement après la transgression d’Adam. Mais, disent d’autres, à la bonne heure que la continence occasionnée par la chûte d’Adam ou par la mort d’Abel ait donné naissance aux Abéliens : ce fut la continence d’Adam, & non celle d’Abel, que ces hérétiques imiterent ; & sur ce pié, ils auroient dû être appellésAdamites, & non pasAbéliens. En effet il est plus que probable qu’ils prirent leur nom d’Abel sans aucune autre raison, si ce n’est que comme ce Patriarche ils ne laissoient point de postérité ; non qu’il eût vécu en continence après son mariage, mais parce qu’il fut tué avant que d’avoir été marié. Les Abéliens croyoient apparemment, selon l’opinion commune, qu’Abel étoit mort avant que d’avoir été marié : mais cette opinion n’est ni certaine ni universelle. Il y a des Auteurs qui pensent qu’Abel étoit marié & qu’il laissa des enfans. Ce fut même, selon ces Auteurs, la cause principale de la crainte de Caïn, qui appréhendoit que les enfans d’Abel ne tirassent vengeance de sa mort. * On croit que cette secte commença sous l’empire d’Arcadius & qu’elle finit sous celui de Théodose le jeune ; & que tous ceux qui la composoient réduits enfin à un seul village, se réunirent à l’Église.S. Aug. de hæres. c. lxxxv. Bayle, dictionn. (G)
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ABELLINAS
* ABELLINAS, s. vallée de Syrie entre le Liban & l’Antiliban, dans laquelle Damas est située.
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ABELLION
* ABELLION, ancien Dieu des Gaulois, que Boucher dit avoir pris ce nom du lieu où il étoit adoré. Cette conjecture n’est guere fondée, non plus que celle de Vossius qui croit que l’abelliondes Gaulois est l’Apollon des Grecs & des Romains, ou en remontant plus haut, le Bélus des Crétois.
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ABEL-MOSC
* ABEL-MOSC.VoyezAmbretteouGraine de Musc.
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ABENEZER
* ABENEZER, lieu de la Terre Sainte où les Israëlites défaits abandonnerent l’Arche d’alliance aux Philistins.
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ABENSPERG
* ABENSPERG, petite ville d’Allemagne dans le cercle & Duché de Baviere.Long. 29. 25. lat. 48. 45.
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ABEONE
* ABEONE, s. f. Déesse du paganisme à laquelle les Romains se recommandoient en se mettant en voyage.
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ABER
* ABER, s. m. dans l’ancien Breton, chûte d’un ruisseau dans une riviere ; telle est l’origine des noms de plusieurs confluens de cette nature, & de plusieurs villes qui y ont été bâties ; telles que Aberdéen, Aberconway,&c.
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ABERDEEN
* ABERDEEN, ville maritime de l’Ecosse septentrionale. Il y a le vieux & le nouvel Aberdéen. Celui-ci est la capitale de la Province de son nom.Long. 16. lat. 57. 23.
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